Un océan cosmique

Peinture de François SchlesserPar Nicole Montinéri.

C’est lors de ma rencontre avec ce que l’on nomme la mort que j’ai pu voir ce qu’enseignent tous les sages de l’humanité depuis des temps immémoriaux : derrière les apparences de l’univers se trouve la réalité d’une Conscience unique et éternelle.

En proie à une très forte fièvre et à des douleurs insupportables dues à une méningite, j’ai compris que mon corps ne supporterait pas longtemps cette secousse et accepté sans angoisse sa perte. Ma conscience s’est détachée de cette forme souffrante et j’ai pu accueillir calmement, sans peur, la mort qui venait. A l’instant où je lâchais prise, l’esprit abandonné, les sens rentrés, je fus immédiatement aspirée dans un flux puissant d’énergie.
Silence. Il n’y avait plus aucune pensée, plus aucune sensation du corps, plus personne pour souffrir, comme si la densité du silence avait tout englouti. Restait une conscience, totalement lucide, grand-ouverte, sans limite, se sachant embrasser l’espace entier de l’univers tout en le laissant indistinct. Elle percevait tout, avec acuité et douceur. Elle se réalisait être la vie même, immobile et éternellement jaillissante.

La lumière qui s’était dévoilée, englobant toute l’immensité et rendant l’espace perceptible de tous les « côtés » à la fois, était intense, éclatante sans être aveuglante, et permettait à la conscience de se reconnaître telle qu’en elle-même. Sensation de paix, de plénitude et de liberté, hors du temps.
Le déploiement de la lumière n’était pas extérieur, n’occupait pas un monde objectif qui aurait été environnant. La lumière était perçue comme étant la substance même de la conscience. C’était bien une réalité non duelle qui était expérimentée, les perceptions reflétées dans ce champ lumineux étant l’expression même de l’expansion à l’infini de la conscience.
L’intelligence consubstantielle à cette énergie lumineuse communiqua immédiatement, sans ambiguïté. Il n’y a pas de vie sans communication incessante… Tout était clair. La connaissance était directe, absolue et instantanée. J’étais investie de perceptions extraordinaires qui me dotaient d‘une compréhension profonde et subtile de la vie. Je compris la signification de l’univers, perçu comme un ensemble cohérent, un tout harmonieux qui me donna la certitude d’appartenir à une unité cosmique ayant un sens. Le « je » employé ici par commodité n’est pas celui de l’être existentiel qui avait alors disparu, mais qui cependant, par la grâce, peut dire maintenant ce qui fût révélé.

Un amour indescriptible, absolu, m’enveloppait et me traversait. Toutefois, il n’y avait personne qui aimait et « je » n’avais personne à aimer. Il y avait seulement l’Amour, sans restriction, sans intention, nature même de cette énergie intelligente, vibration de la Conscience suprême rayonnante. Cette énergie cosmique impersonnelle soutient et pénètre toute chose. Elle constitue l’essence de chaque être vivant, animal compris. Tout est saturé de cette énergie, que nous en ayons conscience ou non.
Peinture de Bernard Romain

Ce que l’expérience de vie après notre mort physique nous enseigne est que notre tâche, ici, sur cette terre, est de nous relier à cet Amour, de placer notre conscience dans cette perception de présence continue, de non-séparation avec cette énergie qui traverse toute chose. Dès que nous ressentons intensément cette énergie couler à travers nous comme à travers tout être, il n’y a plus alors de distinction bon/mauvais, de séparation moi/l’autre. Tout est identique en essence. Rien ne nous différencie jamais, si ce n’est notre esprit habitué à distinguer les innombrables formes de l’existence.
Nous pouvons réaliser ceci sans attendre notre mort physique. Touchés par cette vérité qui ne pourra jamais être atteinte par la pensée, mais par un vécu profond de ce que la vie nous propose, nous nous libérons ainsi de la confusion et des oppositions produites par l’esprit. La conscience, capable désormais d’intégrer toute la réalité de façon harmonieuse, sans entrave, demeure liée à la Conscience suprême, au cœur même de l’existence quotidienne. C’est avec cette communion constante que le monde est alors regardé.
Une fois que tout notre être a été imprégné de l’universalité de la conscience, il ne nous est plus possible de rester dans une perspective duelle. Vaquant désormais à nos occupations habituelles sur un fond de sérénité et de silence intérieur, nous nous sentons légers, détendus, en harmonie avec notre centre profond, sans besoin de nous rattacher au sentiment d’un moi sans véritable réalité. Nous prêtons moins d’attention aux pensées, aux sentiments, aux émotions qui désormais viennent et disparaissent sans laisser de traces. Nos attachements, nos désirs, nos attentes s’effacent peu à peu et tout naturellement…

Dans cet état si proche de la mort que j’ai connu, il n’est plus possible de s’identifier à notre corps, à notre rôle social, notre culture, notre religion, nos actes, nos passions, nos divertissements, notre sexe, notre tempérament, notre personnage sur la scène du monde, tout ce catalogue que nous prenons pour notre identité personnelle. Ce qui demeure, la conscience, ne dépend pas de ce moi empirique. Or, nous assimilons habituellement notre conscience à l’univers objectif qui l’occupe et nous la réduisons à tous les éléments dont nous voyons les effets sur notre personnalité et sur notre existence. La conscience ordinaire se résume à être conscient de quelque chose. L’absence d’objet est même considérée comme une « perte de conscience ».
Tous les êtres humains possèdent une conscience d’eux-mêmes et de leur environnement, mais peu arrivent à discerner clairement la pure conscience, originelle, vide, d’avec la conscience du corps, des pensées et des objets. Ordinairement, ces expressions de la vie sont confondues avec leur source. L’identification, non plus avec le corps et les pensées, mais avec la conscience dans la lumière de laquelle tout est manifesté, est la réalisation de la véritable Réalité.

Pendant toute cette « expérience » de mort physique, ma conscience était silencieuse et inactive sur le plan phénoménal et cependant bien présente. Toute objectivation était absente, laissant la lumière se déployer dans ce vide. C’était une conscience pure, consciente d’elle-même. Celle-ci ne se projette pas dans le temps, ni dans l’action; elle n’est pas oublieuse d’elle-même par l’identification aux objets, comme peut l’être notre conscience ordinaire impliquée dans un corps, étouffée par l’existence quotidienne. Ce que nous sommes réellement, par-delà toute mort et toute naissance, est vide d’objet, seulement conscience-de-soi. La conscience originelle ne peut se déployer que dans ce vide où sujet et objet sont absents, où l’esprit est suspendu et la durée non projetée. La mort est l’occasion de réaliser notre vraie nature, cette ouverture sans intention, où la conscience est laissée à elle-même. La Vie réside dans cette conscience, jamais née, jamais morte, se tenant en elle-même, déployant à l’infini la lumière significatrice d’Amour. Je Suis conscience, c’est là ma véritable identité, éternelle.

Nicole MonténériNicole Montinéri.

Extrait de son livre « N’ayons pas peur de mourir » (Editions Accarias L’Originel)

Source originale.

Source : http://www.urantia-gaia.info (en cas de copie, merci de respecter l’intégralité du texte et de citer la source

A propos Le Passeur

Nomade sur le chemin...
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29 réponses à Un océan cosmique

  1. Li dit :

    Merci Aiouch pour l’adresse.
    C’est sympa! Je ne l’avais pas vu.
    Smack! ♥✿♥

  2. Soleil Bleu dit :

    Un petit cadeau hors propos mais qui parle de réconciliation et d’union alors….♥
    Les paroles d’une chanson de « je ne sais plus quel chanteur »

    AVOIR et ÊTRE

    Loin des vieux livres de grammaire,
    Écoutez comment un beau soir,
    Ma mère m’enseigna les mystères
    Du verbe être et du verbe avoir.

    Parmi mes meilleurs auxiliaires,
    Il est deux verbes originaux.
    Avoir et Être étaient deux frères
    Que j’ai connus dès le berceau.

    Bien qu’opposés de caractère,
    On pouvait les croire jumeaux,
    Tant leur histoire est singulière.
    Mais ces deux frères étaient rivaux.

    Ce qu’Avoir aurait voulu être
    Être voulait toujours l’avoir.
    À ne vouloir ni dieu ni maître,
    Le verbe Être s’est fait avoir.

    Son frère Avoir était en banque
    Et faisait un grand numéro,
    Alors qu’Être, toujours en manque.
    Souffrait beaucoup dans son ego.

    Pendant qu’Être apprenait à lire
    Et faisait ses humanités,
    De son côté sans rien lui dire
    Avoir apprenait à compter.

    Et il amassait des fortunes
    En avoirs, en liquidités,
    Pendant qu’Être, un peu dans la lune
    S’était laissé déposséder.

    Avoir était ostentatoire
    Lorsqu’il se montrait généreux,
    Être en revanche, et c’est notoire,
    Est bien souvent présomptueux.

    Avoir voyage en classe Affaires.
    Il met tous ses titres à l’abri.
    Alors qu’Être est plus débonnaire,
    Il ne gardera rien pour lui.

    Sa richesse est tout intérieure,
    Ce sont les choses de l’esprit.
    Le verbe Être est tout en pudeur,
    Et sa noblesse est à ce prix.

    Un jour à force de chimères
    Pour parvenir à un accord,
    Entre verbes ça peut se faire,
    Ils conjuguèrent leurs efforts.

    Et pour ne pas perdre la face
    Au milieu des mots rassemblés,
    Ils se sont répartis les tâches
    Pour enfin se réconcilier.

    Le verbe Avoir a besoin d’Être
    Parce qu’être, c’est exister.
    Le verbe Être a besoin d’avoirs
    Pour enrichir ses bons côtés.

    Et de palabres interminables
    En arguties alambiquées,
    Nos deux frères inséparables
    Ont pu être et avoir été.

    • Chris dit :

      Ouahh, super le texte.
      Remarquez que le verbe avoir (humain de 3D) ,après moult expériences ,accepte de transiter et devient ÊTRE (puisque avoir été est le verbe être).
      Il ne reste donc plus que des Êtres qui ne font qu’UN.

    • Aiouch dit :

      Quel trésor dans ce texte Soleil Bleu !
      Un trésor immatériel dans le Verbe, qui brille et vibre aussi intensément que le diamant dans sa matière.

      Magnifique !

      Je l’ai transmis aussitôt à ma fille et l’ai lu à mes parents 🙂
      Merci !
      Taoufiq

    • MARIE ANGE dit :

      Magnifique texte, très peu connu, du Chanteur Yves Duteil … fait surprenant, je l’ai adressé ce jour à ma meilleure amie qui est comme une soeur pour moi et je « tombe » sur ton joli message ce même jour …

  3. Margelle dit :

    Magnifique témoignage, qui nous rappelle notre raison d’ETRE AU MONDE… au-delà de tous nos aléas, nos fluctuations… C’est bon de recevoir le souvenir au milieu de nos oublis…

  4. Chris dit :

    Point besoin de longs discours.LA VÉRITÉ EST LÀ.
    Juste à sortir les gros dormeurs de leur lit afin que l’humanité transite!

  5. pierrot dit :

    ‘La conscience consciente d’elle-même’, magnifique.
    merci Nicole pour ce rappel, merci Eckhart pour l’avoir rayonné.

  6. Béa dit :

    Magnifique rappel de l’Absolu pour nous qui sommes encore prisonniers du relatif !

    Superbe inspiration à l’Unité pour nous qui sommes encore empêtrés dans la dualité!

    Merveilleux appel à l’Amour pour nous qui sommes encore piégés par la peur !

    Excellent rappel à l’Essentiel pour nous qui nous perdons encore dans le superflu !

    Parfait message de Vérité pour nous qui nous berçons encore d’illusions !

    Excellent message du Cœur pour nous qui sommes encore à l’écoute de l’égo !

    Essentielle invitation à la Création pour nous qui sommes encore mus par la réaction !

    Merci pour ce magnifique témoignage qui,tout en douceur,nous ramène à l’essence de nos origines célestes et nous libère de nos insanes croyances en la séparation…

    Puissions-nous tous vivre sur les bases de cette imparable Vérité ,éveiller nos consciences au-delà des limites imposées par le mental,nous affranchir des fausses croyances,confusions et autres complexités et créer ce paradis sur terre dans le juste alignement de ce que notre Divin Père nous a offert en héritage : l’Amour inconditionnel,la perfection de « tout ce qui est » et dont nous sommes parties intégrantes et indissociables…Incarner et rendre réel ce qui existe depuis toujours et à jamais et gouter au plaisir d’Etre,nous qui nous cachons encore derrière l’avoir et le paraître…

    « Heureux les fêlés car ils laissent entrer la lumière » !!

    Lumineuse journée à tous les « fêlés du casque » qui grouillent brillamment en cet espace de pure communion et m’éclairent jour après jour…

    • Marie-Anne dit :

      « Heureux les fêlés car ils laissent entrer la Lumière »
      C’est donc cela! 🙂

      Et oui, Béa, puissions- nous créer le Paradis sur Terre  » dans le juste alignement de ce que notre Divin Père nous a offert en héritage »! Amen!

      Une  » fêlée ( grave) du casque » 🙂

    • pierrot dit :

      ‘inconditionnel’ est à mon sens un concept j’y préfère le mot ‘vibral’

  7. Jonas 27 dit :

    J’aime bien le tableau,avec toute ma lumiombre

  8. Marie-Anne dit :

    Un Océan Cosmique…oui, à portée de notre conscience, enfin!
    Nous sommes cet Océan qui vit sa Création à travers nous, et qui joue tous les rôles: le nôtre, sa/notre Création, son immensité éternelle,…tout

    Merci pour ce texte , Passeur et merci à Nicole Montinéri pour son témoignage que j’ai fortement ressenti.

  9. Daniel dit :

    Pour info, Nicole MONTINERI a un site internet  » La Conscience Espace », sur un très beau fond musical par son fils Christophe Alvarez, un pianiste de grand talent.
    Elle donne gratuitement( « ce que j’ai reçu, je le donne dit-elle…) de temps en temps un enseignement à Saint Laurent du Var (06) au « Petit Mas »
    Sa seule présence est une bénédiction…

    • Li dit :

      Merci Daniel de m’avoir dirigé vers le site de Nicole Montineri.
      Lire ses paroles est un grand moment de sérénité pour moi.
      Merci, merci!
      Avec tout mon Amour.♥♥♥
      Li

    • Marie-Anne dit :

      Merci, Daniel: très beau site de Nicole Montineri et , là, magnifique choix de musique remarquablement interprétée ; merci pour l’info !

    • Bonsoir Daniel, comment peut-on connaître le de temps en temps ? 🙂

      • Daniel dit :

        Salut Ondine, fille de l’eau…!!
        A vrai dire, je vois pas très clairement la vraie question que tu veux me poser.
        Tu me parle de connaissance et du temps (horloge).
        La vraie connaissance émerge hors du temps, quand les pensées s’estompent et que se révèle l’espace au-delà du temps.
        Le message de Nicole MONTINERI est très simple. La Vérité ne peut être connue, on ne peut la saisir, elle se révèle au fur et à mesure que l’on s’efface.
        Imagine une lumière, au-delà de nous. Quand on commence à la découvrir elle ne fait qu’un petit w, puis au fil de l’expérience, 2w, puis 5, puis 10, puis 100…
        La bonne nouvelle, la très bonne nouvelle c’est qu’en haut lieu il semble bien que la décision ait été prise d’augmenter doucement la puissance. Notre ignorance est sur le grill, elle est en train de fondre…..!!
        Je remercie tous (tes) celles et ceux présents ici que je vois souffler sur les braises….
        Voilà Fille de l’eau…., du vent et du soleil. J’espère que cette réponse te sera utile.

      • margelle dit :

        Daniel, j’ai compris que Fille de l’Eau aimerait connaître les dates des séminaires ou stages à St Laurent du Var, donnés gratuitement, de temps en temps…. ♪♫☼

    • Soleil Bleu dit :

      Ce que j’ai commencé à lire de ce qu’elle nous offre comme enseignement résonne bien avec mon ressenti.
      Merci Daniel

  10. Quintus dit :

    Oui, Waoooooow! comme dit si bien Li. Quel beau texte pur, reflétant l’intelligence et l’Amour. On se sent transporté, on se sent autre chose. Cette dame à un regard empreint de douceur et de compassion.
    Merci Passeur.

  11. CB dit :

    Je ressens une profonde gratitude pour ton accompagnement, juste, auprès de nous.
    Sois béni et protégé pour cela.
    L’écho des textes vibre avec les phases de nos vies, au point que notre grande difficulté intérieure est en phase avec les portes et les chemins que tu ouvres à ce moment là ici. Rien n’est dû au hasard, je le sens de plus en plus. Tout est là.
    Ce texte va m’aider à aider quelqu’un dans les jours à venir. Je l’espère.
    Merci Le Passeur

  12. Li dit :

    Waoooooow!
    Passeur merci,
    Tu nous amènes, un pas après l’autre et tout en douceur à réellement comprendre et à adhérer pleinement à ce genre de témoignage!
    Une phrase me parle plus particulièrement: » il n’est plus possible de s’identifier à notre corps, à notre rôle social, notre culture, notre religion, nos actes, nos passions, nos divertissements, notre sexe, notre tempérament, notre personnage sur la scène du monde, tout ce catalogue que nous prenons pour notre identité personnelle… »
    Enfin, cela en est une parmi toutes les autres toutes aussi parlantes!
    Bisous enneigés à vous tous.

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