Ne formons pas un autre groupe

Peinture de Remedios VaroPar Michael Brown.

Le paradoxe du déroulement de notre processus évolutif est que même si c’est une transformation qui impacte finalement l’ensemble de notre groupe humain, elle ne peut être accomplie par la formation de groupes spécifiques au sein de notre collectivité humaine. Une évolution authentique ne peut être initiée par l’activité d’un groupe particulier mais par des individus se transformant eux-mêmes; l’évolution est le résultat d’individus honorant leur authenticité au-delà des activités et des marées de la mentalité collective.

L’un des obstacles retardant l’évolution de notre développement actuel est que nous avons une dépendance à la fabrication d’expériences non authentiques tout en prétendant que nous essayons de devenir authentiques. Un exemple de ce comportement est notre désir de former des groupes spécifiques comme moyen de retrouver l’authenticité. Nous devenons ensuite dépendants de ces groupes, ce qui en retour retarde notre développement évolutif en nourrissant et renforçant la mentalité collective plus que l’authenticité individuelle. L’évolution s’accomplit toujours à partir des « différences » et non des « similarités ».

Les groupes de soutien sont des dépendances déguisées qui nous séduisent et nous font vivre dans le déni. Ils ne peuvent nous aider à grandir émotionnellement puisque ce que nous attendons d’eux est de pouvoir garder notre équilibre. Les groupes sont des sacro-saintes ouvertures vers la perpétuation de notre drame. Ils nous donnent un sentiment d’exclusivité, celui d’être spécial et de posséder une subtile supériorité. Ils nous poussent constamment à faire revivre les vieilles histoires usées que nous nous racontons depuis des années. En nous offrant un espace de partage soi-disant légitime pour raconter nos histoires aux autres, ces groupes ne font qu’offrir un sentiment de réalité mensonger à ces illusions fabriquées.

Un groupe de soutien naît toujours de l’expérience d’une personne. Ce forum devient alors un moyen par lequel l’expérience particulière de cet individu se transforme en un ensemble de règles que tout le monde doit suivre.

Un groupe de soutien naît également des « besoins et désirs » non-intégrés d’une personne. Celle-ci reflète alors ces questions dans un forum composé de personnes partageant ces mêmes dysfonctionnements émotionnels.

Dans cette perspective, les groupes sont de ceux qui sèment potentiellement l’énergie religieuse insidieuse qui devient inévitablement une drogue pour ceux qui ont besoin et désirent suivre quelqu’un ou quelque chose. Ils sont un moyen d’essayer d’orchestrer et d’organiser ‘le moment éternel’. Ils sont le plus souvent une occasion pour les personnes qui manquent de courage pour s’exprimer de s’écouter parler, de sentir que leurs opinions réactives ont un sens et de justifier le fait de continuer d’être incapables de grandir émotionnellement. Du fait que ces structures-mêmes court-circuitent les possibilités de développement émotionnel individuel authentique, les groupes deviennent immanquablement des bourbiers de critiques et soutiennent ainsi la faiblesse inhérente à la mentalité victime/vainqueur.

Combien de groupes de soutien possèdent un fonctionnement interne permettant de libérer leurs membres du groupe afin qu’ils puissent apprendre à fonctionner de façon libre et indépendante sans lui ?

Ceux qui se laissent enfermer dans la dépendance à l’alcool et à la toxicomanie sont-ils un jour libérés par leur groupe de soutien, ou le groupe ne devient-il pas à son tour une dépendance camouflée qui retient ses membres paralysés et emprisonnés dans la toile d’une organisation d’auto-préservation ?

Les groupes de conscientisation du moment présent nous aident-ils à expérimenter notre conscience du moment présent, ou mettent-ils tout simplement en évidence notre frustration de ne pouvoir le faire ?

Ce n’est pas parce qu’un groupe de soutien permet à ses membres de faire du surplace, de vivre dans un ‘désespoir tranquille’, de trouver des compagnons de misère ou d’échanger longuement sur des concepts spirituels, que cela signifie qu’il accomplit quelque chose de tangible et donc de durable.

Si l’intention d’un groupe de soutien n’est pas de libérer ses membres aussi rapidement et efficacement que possible, il n’est qu’un outil de dépendance qui engendre l’emprisonnement de la perception.

Ces groupes ne peuvent nous assister dans notre croissance émotionnelle car toute croissance émotionnelle abordée dans un contexte où il existe ‘un public’ est ‘une représentation’. Et une représentation, peu importe combien elle est subtile ou déguisée en expérience authentique est un simulacre. Les artistes-interprètes jouent toujours un rôle. ‘La Présence’ ne peut être retrouvée par le biais de faux-semblants tout comme la paix ne peut être ‘forcée’. Un spectacle est toujours, de par sa nature, un comportement réactif – un comportement motivé et orienté par les circonstances extérieures. Pour être authentique, la croissance émotionnelle doit être réceptive, et un comportement véritablement réceptif n’est fondamentalement possible que lorsque nous nous retrouvons totalement seuls avec nous-mêmes.

Ce n’est que lorsque nous sommes capables d’être constamment honnêtes envers nous-mêmes, pour nous-mêmes et par nous-mêmes, que nous pouvons nous comporter en public de manière authentique et cohérente.

Même lorsque nous formons des groupes de soutien au nom de soi-disant ‘buts élevés’, comme celui de discuter de l’unité ou d’autres nobles concepts intellectuels, nous nous abusons encore nous-mêmes. Nous ne pouvons former un groupe exclusif pour activer ce qui est en fait inclusif. Nous ne pouvons discuter de l’unité avec une autre personne et espérer expérimenter véritablement l’Unité. Dès l’instant où nous parlons de l’unité avec quelqu’un d’autre, nous entrons dans la séparation ; notre perception de ‘l’autre’ nous ferme la porte à l’expérience de l’unité.

L’unité signifie « il n’y a pas d’autre ».

Peinture de Nicolai Kalmakov

L’unité signifie qu’il n’existe pas de groupe spécifique auquel appartenir ; que chacun et tous font partie de notre groupe, de ce fait le concept de « groupe » se dissout également. ‘Un groupe » n’est possible que si nous sommes dans un état d’esprit de séparation car pour exister, ‘un groupe’ a besoin ‘des autres’. Au cœur de l’unité, les ‘autres’ n’existent pas.

Le fait de former ou de rejoindre un groupe dissous simultanément notre expérience de perception de l’Unité.

Une autre chose étrange que nous faisons ces jours-ci est de se réunir en groupes et de s’asseoir en silence. Certaines personnes prennent l’avion pour traverser un continent ou voyager vers au autre pays en payant d’énormes sommes d’argent simplement pour aller s’asseoir dans le silence ! Il y a 15 ans un tel comportement aurait été une idée juteuse pour un sketch absurde du Cirque Volant des Monte Python. On peut facilement s’imaginer John Cleese en train de déclamer :

« Entrez tout le monde ! Voici l’Isoloir Où l’On Vient S’asseoir en Silence. Payez vos cinq livres à l’entrée et venez vous asseoir dans le silence absolu pour le reste de la semaine. Si ce n’est pas votre tasse de thé, vous pouvez bien sûr aller de l’autre côté du couloir dans l’Isoloir Où l’On Se Frappe la Tête Contre Son Genoux Droit Sans S’Arrêter, ce qui soit dit en passant est une affaire aujourd’hui : seulement trois livres pour vous frapper jusqu’à vous assommer. Non, Monsieur, s’il vous plaît, une fois que vous avez payé vos cinq livres, silence absolu, merci. Madame, s’il vous plaît, veuillez-vous taire et essayez d’apprécier la grandeur du service que nous vous offrons, sinon nous vous rembourserons. Bien, maintenant je voudrais entendre le silence ! Mais d’abord, j’ai quelques annonces à passer sur tous les bruits qui ne seront pas tolérés. Bien… »

Ce n’est pourtant pas une comédie, c’est ce que font les gens ! Nous fabriquons des expériences spécifiques dans le but de nous asseoir ensemble en groupe dans le silence et la tranquillité et nous payons même des gens pour qu’ils aient le privilège d’organiser de telles occasions. Bien entendu une partie de l’expérience repose sur la présence d’un individu que nous reconnaissons comme étant spirituellement si évolué que s’asseoir tranquillement dans le silence en sa compagnie vaut pour nous chaque centime dépensé. Pour faire l’expérience gratuite et illimitée du silence, nous devenons dépendants d’une autre personne ou d’un endroit idyllique éloigné de notre environnement quotidien ou encore d’un autre groupe « d’autres ».

Jusqu’où nous sommes-nous égarés du bon sens et de l’authenticité ? Comment ce comportement est-il censé nous affermir d’une manière réelle et durable ? C’est ici la conséquence d’avoir mélangé spiritualité et commerce ; il est évident que certaines personnes gagnent énormément d’argent sur le dos de l’immaturité émotionnelle, de la naïveté infantile et du mal-être intérieur de l’humanité.

La question à se poser est celle-ci : Les résultats de telles pratiques de groupes sont-elles réelles et durables ? La réponse est simple : si nous avons besoin d’y retourner ou de réitérer l’expérience de façon répétitive, alors la réponse est « Non ».

Dans de telles conditions, quoique nous ayons expérimenté l’a été à partir d’une ‘fabrication’ où nous avons mis en spectacle notre prétendu calme et silence sur une scène artificielle ; par conséquent cette expérience s’épuise et retourne inévitablement au néant.

Les bénéfices du calme et du silence ne peuvent être récoltés de façon réactive. Ils n’ont un mérite réel et durable que lorsqu’on les a recueillis seul, loin des yeux du monde et dans une liberté qui n’est possible que loin des échanges monétaires. Ce que nous n’avons pas encore compris, c’est que lorsque nous devons payer une somme particulière pour participer à de telles activités de groupe, il s’agit de la valeur précise que notre inconscient leur accorde. Une ‘retraite silencieuse’ accorde donc une valeur très limitée et quantifiable aux trésors du calme et du silence et nous empêche donc d’expérimenter leurs bénéfices illimités et sans prix. Dès l’instant où nous ressentons le besoin de nous asseoir devant un autre être humain comme catalyseur d’une telle expérience, tout ce que nous expérimentons devient inconsciemment associé à sa présence. Ainsi, la question demeure: comment ceci est-il censé nous redonner notre pouvoir ?

La réalité est que lorsque nous sommes assis devant ‘un autre’, c’est ‘nous-mêmes’ que nous ressentons, un reflet de la magnificence de notre propre Présence Intérieure – un sentiment qui nous est disponible 24 heures par jour si nous prenons soin de nous tourner vers l’intérieur pour l’expérimenter grâce à une discipline cohérente. Tout ce que nous ressentons, c’est nous-mêmes. Il est vrai que nous trouver en présence de ‘La Personne’ capable de refléter cet état rayonnant que nous avons oublié peut nous être très bénéfique et avoir tout son sens. Cependant, si une telle personne ne nous conduit pas simultanément à entrer en nous-mêmes et ne nous prévient pas des dangers liés à rechercher de façon addictive cette expérience à l’extérieur de nous-mêmes, une telle rencontre, même profonde, nous déresponsabilise alors également.

Pour atteindre cet état authentique de Présence rayonnante à l’intérieur de nous-mêmes de façon réelle et durable, cela nécessite de commencer un travail intérieur régulier et discipliné. Ce travail intérieur commence par grandir émotionnellement.

La mentalité de groupe ne peut nous aider à grandir émotionnellement car un groupe ne grandit jamais.

Edgar EndeGrandir émotionnellement demande de pouvoir éveiller une force intérieure qui neutralise les besoins et désirs individuels sur lesquels le groupe a besoin de s’appuyer et qui neutralise également notre besoin que le groupe nous apporte reconnaissance et soutien et nous indique la direction que nous devons prendre. Grandir émotionnellement déstructure systématiquement le rôle d’un individu au sein du groupe et s’il reste dans le groupe, cela peut se traduire par le démantèlement de celui-ci. Grandir émotionnellement ne fait donc pas partie du programme de groupe. Par autoprotection le groupe se retourne contre ou se détourne systématiquement de toute personne qui grandit émotionnellement en son sein, ou lorsque c’est impossible, l’enferme en lui offrant une promotion à un échelon supérieur de sa hiérarchie interne.

Lorsqu’un groupe promeut quelqu’un au statut de leadership, il vise l’ego de cette personne avec l’intention de paralyser toute future croissance émotionnelle en elle. Plus l’individu évolue le long de l’échelle de la hiérarchie de ce groupe, le moins il lui est possible de s’ancrer et d’être authentique. Le prestige du leadership n’est qu’un voile pour cacher la fourberie de l’emprisonnement des perceptions qui s’en suit. Dans n’importe quel groupe, plus on monte les échelons de la structure, plus la chute sera dure et inévitable. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’individualité en apparence encouragée ne devienne accablée et anéantie par la mentalité de groupe.

Bien sûr, tout cela étant dit, il est tout de même recommandé de pratiquer « l’équilibre et la clémence plutôt que le sacrifice », d’approcher la libération de la mentalité de groupe avec responsabilité et douceur. Certains d’entre nous en train de lire ceci font peut-être être actuellement partie de groupes de soutien. Il ne s’agit donc pas ici de nous encourager à bondir et nous enfuir de toute activité liée à ces groupes. Nous ne devons pas être dans la réaction mais plutôt nous éveiller à notre situation en en prenant conscience. Gardons à l’esprit qu’il s’agit ici de comprendre « la raison pour laquelle l’approche du nettoyage émotionnel dans Le Processus de La Présence* ne nous encourage pas à former un nouveau groupe ».

« Mon Dieu, s’il te plaît épargne-nous un autre groupe ! »

Si nous sortons actuellement d’une expérience de dépendance et que nous sommes en voie « de rétablissement »- pour reprendre la terminologie des groupes de soutien – nous sommes susceptibles de rester dépendants de notre expérience de groupe. Afin de surmonter cette situation difficile et d’évoluer au-delà de cet enfermement des perceptions, il est fondamental que nous ne blâmions pas le groupe de notre situation car il s’agit ici de notre addiction à notre expérience dans un groupe et non pas de la nature du groupe lui-même. Nous ne pouvons reprocher à un groupe d’être un groupe, c’est sa nature intrinsèque. Il n’est que ce qu’il est supposé être. Un groupe est comme un radeau de sauvetage : il peut nous sauver de la houle et de la noyade, mais si nous ne le quittons pas, nous ne pourrons revenir vers une expérience de vie authentique. Si nous ne sommes pas prêts à explorer ce que signifie réellement ‘Vivre’, il est conseillé de rester dans la structure du groupe afin qu’il puisse nous accompagner avec son interprétation de ce représente ‘une vie saine’.

Lorsque nous sommes prêts à expérimenter à nouveau une vie authentique, il ne tient qu’à nous de nous demander si nous désirons vraiment découvrir, si nous sommes prêts à sauter du radeau de sauvetage symbolisant le désespoir tranquille du rétablissement et commencer à nager dans les eaux turbulentes du plan émotionnel nous permettant de « développer » nos muscles. Lorsque nous sommes en phase de rétablissement, que nous en soyons conscients ou non nous recouvrons activement le point d’origine de notre mal-être soit en en parlant de manière excessive, en blâmant les autres –ou le monde entier– ou en accusant un éventuel ‘déséquilibre d’ordre chimique’.

Lorsque nous ne sommes pas encore prêts à retourner embrasser la vie, il existe une liste interminable d’excuses pour justifier le fait de rester paralysé dans un état émotionnel anesthésié ou contrôlé.

Si vous êtes un toxicomane en voie de rétablissement ou faites partie d’un groupe de soutien pour toxicos et que vous lisez ceci, il est possible que vous ayez le sentiment que ces mots dénigrent d’une certaine façon votre situation actuelle et vous jugent cruellement d’en être à ce stade. Ce n’est pas le cas. Vous en êtes où vous en êtes et la seule façon dont vous mobiliserez l’élan pour vous libérer de la « mentalité de rétablissement (recouvrir) » est en regardant votre situation à partir d’une perspective qui ne peut être offerte par aucun groupe de soutien.

Si nous n’intégrons pas notre situation actuelle, il est impossible de réaliser un véritable mouvement vers un autre état d’être. Tout comme un toxicomane doit admettre sa dépendance pour pouvoir bénéficier d’une aide, un membre d’un groupe de soutien doit admettre qu’il est « en phase de rétablissement » et ce que cela signifie vraiment, avant de passer à l’état de ‘la découverte’.

Le « rétablissement  » est une paralysie émotionnelle. Rien ne change à travers le rétablissement ; si nous sommes un « alcoolique en phase de rétablissement » nous pouvons nous mettre à boire de grandes quantités de café et à fumer cigarette sur cigarette ; si nous sommes un « accro à l’héroïne en phase de rétablissement », nous allons compenser avec des antalgiques. La dépendance aux groupes de soutien est tout simplement le transfert d’une tendance addictive. On nous dit que « tant que nous nous rendons à nos réunions de groupe de soutien, nous faisons des progrès ». Pourtant, les seuls progrès que nous accomplissons lorsque nous faisons du sur-place est de retarder le moment où l’épuisement entraîne la noyade.

Se rétablir (re-covery), peu importe la manière dont nous le déguisons, c’est faire du sur-place.

Découvrir (dis-covery), c’est choisir de plonger dans les profondeurs des eaux et de faire face aux profondes ténèbres de nos émotions refoulées.

Les réunions de groupes de soutien sont un bon moyen de transition, non pas une destination. Nous faisons tous ce type d’expérience à un moment donné de notre parcours. Cependant, dès que la mentalité de groupe devient ‘une destination’, cela nous enferme dans un désespoir tranquille. Notre tâche – si nous cherchons une véritable libération — si nous cherchons à découvrir– est de pouvoir ressentir le véritable état de notre cœur et, à travers le processus des « ressentis », transformer la signature émotionnelle inconfortable qui perpétue notre addiction ou dépendance. Personne ne peut faire cela pour nous. Toute dépendance est entraînée par une signature émotionnelle douloureuse et la libération d’une telle condition exige de faire face à notre propre souffrance.

Notre souffrance est notre libération.

Peinture de Vladimir KushSi nous ne nous tournons pas vers l’intérieur pour faire face à cet aspect causal de notre expérience, notre participation à tout groupe de soutien n’est qu’une ‘représentation’. Si le groupe dont nous faisons partie n’est pas motivé pour nous libérer de lui-même, il devient notre héroïne ou notre alcool sous une forme différente. C’est notre tragédie sous un autre visage.

Si nous sommes actuellement dans une telle situation cela ne sert à rien que nous tentions d’en échapper parce qu’alors inconsciemment et systématiquement nous allons courir embrasser une autre expérience de groupe sédatif et dominant. Il est préférable que nous prenions le temps de nous poser consciemment l’expérience de groupe que nous sommes en train de vivre en l’observant clairement pour ce qu’elle est.

Amener toute expérience à la conscience permet de la transformer.

Lorsque nous observons ces groupes pour ce qu’ils sont, il ne sert à rien, ni pour nous, ni pour le groupe, d’essayer de se retourner de manière réactive contre lui ou de tenter de réveiller les autres de leur situation hypnotique. Faites toujours preuve de compassion, de douceur et de responsabilité. Il nous faut rester en phase avec le principe alchimique authentique tel qu’il est enseigné dans Le Processus de La Présence :

« Se faire à soi-même ce que nous voudrions que les autres nous fassent ».

Rappelez-vous qu’un groupe de soutien est un radeau de survie pour toute personne qui n’est pas encore assez mûre pour grandir émotionnellement. Cette approche compatissante, douce et responsable s’applique également à nous-mêmes si nous faisons partie d’un groupe « spirituel » et que nous prenons conscience « qu’aucune discussion ne saurait jamais se substituer à l’expérience personnelle ». Discuter de manière intensive de spiritualité peut également entraîner une forte accoutumance et rendre la pratique spirituelle impuissante. Une fois que nous nous éveillons et réalisons les limitations inhérentes à l’activité de groupe, notre tâche consiste à nous retirer du groupe avec douceur et délicatesse, sans débat ou discussion.

Rappelez-vous, il ne s’agit pas du groupe ; il s’agit d’enrichir notre voyage continuel au-delà du cadre de ses limitations. Lorsque nous choisissons de mûrir émotionnellement, arrivés à un certain point, nous devons passer à travers et au-delà du besoin d’un accord, d’un soutien et d’une reconnaissance extérieurs. Agir avec délicatesse implique d’agir avec gratitude.

Lorsqu’une une chenille est prête à s’éveiller à la vie dans l’authenticité, l’intégrité et l’intimité, la dépendance à la mentalité-de-groupe doit muer comme une vieille peau. La chenille doit alors se protéger de l’extérieur dans son cocon afin qu’elle puisse ressentir la plénitude à l’intérieur. A ce moment du voyage, la solitude est l’épice qui apporte les saveurs à la nourriture nécessaire pour une croissance continue. Nous devons être capables de ressentir notre peur, notre colère et notre chagrin tout en demeurant au milieu de ces circonstances énergétiques sans aucun renfort extérieur.

Aucun groupe – quel que soit le niveau de conscience que ses membres semblent avoir extérieurement et combien le leader peut nous paraître évolué – ne peut être un substitut à ce moment de notre évolution. Le papillon naît toujours seul, créant son passage avec courage et par ses propres efforts à travers l’enfermement qu’il a lui-même créé. Le groupe n’a pas d’ailes. Il ne peut voler. Par conséquent, toute promesse qu’il peut nous faire en vue de notre élévation est toujours une illusion. Il peut nous retenir pendant que nous sommes faibles, mais si nous devenons dépendants de cela nous nous affaiblissons davantage.

Donc, la réponse à ceux qui demandent s’ils peuvent créer un Groupe autour du Processus de La Présence est par conséquent « Non ». Bien sûr, nous ne pouvons éviter que de tels regroupements se mettent en place ; ceux qui sont encore dépendants de la mentalité-de-groupe imposeront leur volonté à tous ceux qui croiseront leur chemin. Ils défendront également farouchement leur ‘mentalité-de-groupe-chenille’ face à tout ‘discours-libérateur-papillon’. Nous devons leur en être reconnaissants car ils permettent aux groupes de servir de radeaux de survie pour ceux qui sont en train de se noyer.

Le dessein du Processus de La Présence est un paradoxe en ce sens qu’il nous libère de notre dépendance à la mentalité-de-groupe tout en nous encourageant à consciemment reconnaître, embrasser et nous engager dans notre groupe de manière authentique. Il nous invite à « œuvrer à notre propre libération en travaillant au sein du groupe dans lequel nous nous trouvons à tout moment ».

Notre famille de naissance est notre groupe.

Notre compagnon et amant est notre groupe.

Nos enfants sont notre groupe.

Nos animaux de compagnie et nos plantes sont notre groupe.

Le caissier du magasin fait partie de notre groupe.

Nos collaborateurs professionnels et nos clients sont notre groupe.

Tout être humain avec lequel nous communiquons quotidiennement fait partie de notre véritable groupe.

Sommes-nous capables d’être en union avec tous ces êtres humains?

Sommes-nous capables de rester dans le silence intérieur et la tranquillité lorsque nous les rencontrons ?

Sommes-nous assez courageux pour gérer l’inconfort émotionnel déclenché lorsque nous les laissons entrer dans notre espace-temps personnel ?

Pouvons-nous les intégrer dans nos vies aussi pleinement que possible en reconnaissant la valeur de leurs contributions dans notre voyage éternel ?

Ou ne pouvons-nous vraiment interagir aisément qu’avec des personnes qui fonctionnent dans des situations soigneusement fabriquées, contrôlées et sédatives ?

Sommes-nous uniquement intéressés à œuvrer à notre libération avec des personnes ayant les mêmes idées que nous, avec celles qui sont généralement d’accord avec nous et avec celles qui se rassemblent uniquement dans ce but précis?

L’authenticité, l’intégrité et l’intimité nous demandent davantage que de simplement grandir à travers une telle complaisance orchestrée.

La réalité est que nous sommes et avons toujours fait partie d’un groupe, celui qui fait partie de notre expérience quotidienne. C’est là que le véritable travail s’accomplit. C’est là que nous recueillons les précieux trésors de la Présence. C’est là que notre vie est confrontée aux possibilités infinies de pouvoir approfondir notre expérience personnelle authentique, intègre et intime, avec tout ce qui existe. C’est pourquoi nous n’avons pas besoin de former « un autre groupe », nous sommes sans cesse au sein de notre véritable groupe. Nous n’avons pas non plus besoin d’aller faire une quelconque retraite. Comment « une retraite » pourrait-elle nous aider à avancer ? Le calme et le silence nous suivent partout telle une ombre intérieure. Le calme et le silence sont l’essence de ce que nous sommes et ne sont pas déterminés par l’endroit où nous nous trouvons ou par les personnes que nous côtoyons.

Peinture de Catherine RaghoonauthCe n’est que lorsque nous nous tenons aussi consciemment que possible dans le centre du groupe dans lequel la vie nous a placé et que nous faisons courageusement face à l’ampleur de chaque instant avec un cœur disposé à tout ressentir, que nous entrons dans une expérience de vie authentique. Cette approche est notre véritable plate-forme d’envol. Notre vie quotidienne est l’expérience intentionnellement destinée à nous permettre de déployer nos merveilleuses ailes de papillon. Former un groupe pour essayer de reproduire ce qui nous attend déjà au sein de notre expérience quotidienne, c’est comme mettre en scène une pièce de théâtre ; cela peut être profondément amusant, audacieux, plein d’esprit et spirituel voire très provocateur, mais il n’y a rien de vrai dans tout cela. Rien, de toute façon, qui vaille la peine qu’on en parle.

En conclusion…

Je ne recommande ni ne soutiens la création de « Groupes autour du Processus de La Présence », nulle part, ni par qui que ce soit, ni pour aucune raison. D’après mon expérience, les individus désireux de former un groupe autour du Processus de La Présence rassemblent inconsciemment d’autres personnes comme moyen d’éviter subtilement de faire face à leur état émotionnel non intégré en le projetant sur le monde extérieur. Les ‘Groupes’ sont l’une de nos plus grandes dépendances et sont également source de nombreuses formes déguisées et involontaires de ségrégation sur cette planète. Historiquement, les groupes se percevant eux-mêmes comme étant « spirituels » sont susceptibles d’être subtilement arrogants, ce qui immanquablement, enflamme une mentalité-religieuse et mène systématiquement au conflit.

La nature du nettoyage du corps émotionnel et le fait de s’éveiller consciemment à celui-ci permettent finalement un ajustement entraînant une transformation intérieure authentique qui n’est possible que lorsque initiée par soi-même et pour soi-même. Dans Le Processus de La Présence nous ‘faisons à nous-mêmes ce que nous voudrions que les autres nous fassent’.

Lorsque nous nous en remettons illusoirement à ‘un groupe’ comme moyen d’accomplir cet ajustement interne, nous agissons ainsi parce que cela correspond toujours précisément à la partie en nous qui rencontre des difficultés pour grandir de façon authentique et durable.

Je n’ai aucun problème avec les « groupes » en soi car ils sont nécessaires au vu de divers paramètres de l’expérience humaine. Ils sont par exemple un très bon moyen de pouvoir appréhender la nécessité d’une croissance émotionnelle. Cependant, ils ne sont pas utiles dans le voyage expérimental du Processus de La Présence. Le Processus de La Présence est « un outil autonome d’auto-facilitation ». Pour cette raison il ne peut convenir à tout le monde ; il ne peut correspondre qu’à ceux qui cherchent à grandir de manière authentique et qui ont la capacité de réaliser une telle exploration émotionnelle sans recours à un soutien extérieur. Le Processus de La Présence convient à ceux qui cherchent véritablement à s’appuyer sur la force de leur propre cœur plutôt que de trouver un autre moyen déguisé de s’appuyer sur le monde extérieur.

J’ai conscience que des personnes ont formé des groupes autour du Processus de La Présence dans différentes parties du monde. Je ne vais pas suggérer de manière réactive de les supprimer. Ceux qui les ont formés ainsi que ceux qui en sont devenus membres ont de manière évidente quelque chose d’important à réaliser à partir de cette expérience. L’une des leçons s’avèrera être la suivante : En raison de l’authenticité du travail pouvant être réalisé avec le Processus de la Présence, tous les groupes formés autour de ce processus d’expérimentation seront inévitablement démantelés par l’éveil de la guidance intérieure de personnes qui en font partie : la guidance intérieure ne nécessitant aucun système de soutien externe pour valider l’authenticité de leur expérience. Une fois que l’éveil d’un individu se produit véritablement, automatiquement la structure du groupe se révèle elle-même comme étant une coquille vide ne supportant que les programmes externes conduits par l’ego.

Michael BrownMichael Brown © 

* Voir Le Processus de La Présence

Traduction française : Linda P. Steketee – Traduction révisée 2012

Source : http://www.urantia-gaia.info (en cas de copie, merci de respecter l’intégralité du texte et de citer la source).

Source originale.

A propos Le Passeur

Nomade sur le chemin...
Ce contenu a été publié dans 06- Tous les articles, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

167 réponses à Ne formons pas un autre groupe

  1. pierrot dit :

    Ma devise,
    être dans la présence quoiqu’il arrive.

    C’est retrouver notre temple intérieur.

    Si j’avais dit, mon objectif c’est être dans la présence quoiqu’il arrive cela aurait été un concept car la présence n’est pas un but à atteindre mais un ressenti à laisser vivre.

    J’aime bien aussi l’utilisation du laisser vivre, cela mets au second rang la volonté propre relié à la personnalité et mets en avant l’abandon à soi qui permet à l’universel de rayonner.

    Dans cet état plus besoin de défendre quoique ce soit, de convaincre qui que ce soit vu que la séparation n’est plus, juste être et apprécier ce que la vie nous offre à chaque instant.

  2. pierrot dit :

    Le groupe c’est comme du carburant, si l’étincelle est là et que les brindilles sont bien légères , le feu va s’embraser sinon cela va étouffer l’étincelle.
    L’étincelle est ce qui brûle dans notre coeur.

  3. pierrot dit :

    Pourquoi un autre ?
    Nous sommes déjà une communauté.
    Je remets ici le lien qu’avait posté Li.
    http://koyeba.blogspot.fr/2014/06/i-am-film-documentaire-de-tom-shadyac.html

  4. Michel dit :

    Voilà un commentaire très analytique qui délivre une certaine vérité.
    Il est vrai qu’un groupe peut constituer un leurre, une échappatoire, mais ce n’est pas le groupe qui en est responsable, simplement nous-même.
    Mais un groupe ne consiste pas seulement à se soutenir, mais à expérimenter, partager et créer une dynamique, une énergie commune.

    Comme l’a dit Confucius, « Le tout est bien supérieur à la somme de chacune des parties ».
    La synergie ainsi développée peut apporter du positif si la sincérité est présente, tout en étant conscient des faiblesses de chacun, et d’éventuels jeux de pouvoir à désamorcer…

    Dans le nouveau paradigme, la notion d’universalité devient incontournable. Nous sommes un point unique d’une tapisserie cosmique qui ne prend un sens que si nous élargissons notre regard de façon à englober le Tout.

    La Présence, c’est avant tout, de reconnecter avec notre Essence.

    Michel

    • pierrot dit :

      Les marchands de tapis ce n’est pas mon truc non plus mais je ne juge pas.

      Ils sont là pour combler un besoin sans doute.

      Ils ont aussi leur utilité dans la trame de la vie même si il y a une certaine dépendance entre l’enseignant, l’enseignement et l’enseigné.

      Disons que ce mode de fonctionnement est juste transitoire avant d’accepter notre pleine responsabilité de notre vie.

  5. Marie Christine dit :

    Voici qui, en extrapolant, a quelque rapport avec le sujet de l’article :

    « La Mère (à un enfant) : […] Parce que c’est un fait notoire que la vie n’est pas plus facile pour les bons que pour les méchants ; généralement, c’est le contraire : les méchants réussissent mieux que les bons ! Alors, les gens qui ne sont pas très spirituels se disent : « Pourquoi est-ce que je me donnerais du mal pour être bon ? Il vaut mieux que je sois méchant et que ma vie soit facile . » Il est très difficile de leur faire comprendre qu’il y a plusieurs sortes de bien, et que quelquefois cela vaut la peine, peut-être, de faire un effort pour être bon . Alors, pour rendre cela intelligible aux gens les moins intelligents, on leur dit : »Voilà, c’est simple . Si vous êtes bien obéissants, bien gentils, bien désinterressés, si vous faites toujours de bonnes oeuvres et puis que vous croyiez au dogme que nous vous enseignons, eh bien, quand vous mourrez, le Dieu vous enverra au paradis . Si vous avez quelquefois de la bonne volonté, quelquefois de la mauvaise volonté, si quelquefois vous faites le bien, quelquefois vous ne faites pas le bien, et si vous pensez beaucoup à vous-mêmes et très peu aux autres, alors, quand vous mourrez, on vous enverra faire une autre expérience au purgatoire . Et puis, si vous êtes carrément méchants, si vous faites tout le temps du mal aux autres, si vous faites toutes sortes de mauvaises choses et que vous ne croyez pas au dogme que nous vous enseignons, alors vous irez tout droit en enfer, et pour l’éternité . »
    C’est une des plus belles inventions que j’aie jamais entendues : ils ont inventé l’enfer pour l’éternité . C’est-à-dire qu’une fois que vous êtes dans l’enfer, c’est éternellement …Tu comprends ce que cela veut dire, éternellement ? Vous serez torturés et brûlés (dans les pays chauds vous êtes brûlés, dans les pays froids vous êtes gelés) et cela pour l’éternité . Voilà ! Alors je ne sais pas qui t’a enseigné ces jolies choses-là, mais ce sont simplement des inventions pour faire obéir les gens, pour les tenir sous contrôle .
    Il y a des enseignements qui ne sont pas comme cela . Il y a des religions qui ne sont pas comme cela . Mais enfin, on peut, d’une façon poétique, imagée, descriptive, parler d’un paradis ; parce que ce paradis veut dire un endroit merveilleux où il y a le maximum de joie, de bonheur, de confort … Et encore, cela dépend de la religion à laquelle vous appartenez . Parce qu’il y a des paradis où l’on passe son temps à chanter les louanges de Dieu -on ne fait rien d’autre que cela (à la longue cela doit être un peu ennuyeux !), mais enfin on passe son temps à faire de la musique et à chanter les louanges de Dieu . Il y a d’autres paradis, au contraire, où l’on jouit de tous les plaisirs possibles : toutes les choses que l’on a désiré avoir durant la vie, on les a dans le paradis . Il y a des paradis où l’on est constamment dans une méditation béatifique -mais pour les gens qui ne tiennent pas beaucoup à méditer, cela doit être plutôt ennuyeux ! Enfin, cela dépend, n’est-ce pas, on a inventé toutes sortes de choses pour que les gens aient bien envie d’être sages et d’obéir aux lois qu’on leur a données .
    Et l’imagination humaine est si créative, si formatrice, qu’il y a dans le monde des endroits qui sont comme ces paradis . Il y a des endroits qui sont comme ces enfers, il y a des endroits qui sont comme ces purgatoires . L’homme créé de toutees pièces les choses qu’il imagine . Si on arrive à éclairer la conscience de quelqu’un, on peut le sortir de ces endroits-là ; autrement il y est enfermé, emprisonné par la croyance qu’il avait quand il était vivant . Vous me direz que cela équivaut à une existence, mais c’est une existence tout à fait illusoire et extrêmement limitée . Cela n’a de réalité que pour ceux qui pensent comme cela . Dès que vous pensez autrement, cela n’existe plus pour vous ; vous pouvez en sortir . On peut faire sortir quelqu’un de ces endroits-là, et immédiatement il s’aperçoit qu’il était enfermé dans sa propre formation .
    Les hommes ont un pouvoir de création extraordinaire . Ils ont créé tout un ensemble de divinités qui sont à leur image, et qui ont les mêmes défauts que les hommes, qui font en grand, avec plus de pouvoir, ce que font les hommes . Ces êtres ont une existence qui est relative, mais enfin ils ont une existence indépendante, de même que votre pensée . Quand vous avez une pensée, une formation mentale bien faite qui s’en va hors de vous, elle devient une entité indépendante, et puis elle continue son chemin et elle fait ce pour quoi elle a été formée . Elle continue de faire indépendamment de vous . C’est pour cela qu’il faut se méfier . Si vous faites une formation comme cela et qu’elle soit partie, elle est partie faire son oeuvre ; et puis au bout d’un certain temps, vous vous apercevez que ce n’était peut-être pas très heureux de penser comme cela, que cette formation n’était pas une chose très bénéfique . Elle est partie, c’est très difficile pour vous de la rattraper . Il faut avoir une grande connaissance occulte . Elle est partie, elle fait son chemin … Admettez que dans un moment de grande fureur (je ne dis pas que vous le fassiez, mais enfin), quand vous êtes tout à fait en colère contre quelqu’un, vous disiez : « Ah ! s’il pouvait lui arriver un malheur ! » Votre formation est partie . Elle est partie, vous n’avez plus de contrôle sur elle, et elle va, elle organise un malheur quelconque : elle va faire son oeuvre . Et après quelque temps ce malheur arrive . Heureusement, généralement vous n’avez pas assez de connaissance pour vous dire : »Oh ! c’est moi qui suis responsable . » Mais c’est la vérité .
    Notez que ce pouvoir formateur a un grand avantage si l’on sait s’en servir . Vous pouvez faire de bonnes formations, et si vous les faites bien, elles agiront de la même façon que les autres . Vous pouvez faire beaucoup de bien aux gens tout en restant assis dans votre chambre – peut-être plus de bien qu’en vous donnant beaucoup de mal extérieurement . Si vous savez penser correctement, avec force, intelligence, bonté, si vous aimez quelqu’un et que vous lui vouliez du bien très sincèrement, très profondément, de tout votre coeur, cela lui fait beaucoup de bien, beaucoup plus que vous ne le pensez certainement . Je l’ai dit souvent ; par exemple, à ceux qui sont ici, qui apprennent qu’un membre de leur famille est très malade et qui ont cette impulsion enfantine de vouloir se précipiter tout de suite là-bas pour soigner le malade . Je vous le dis, à moins que ce ne soit un cas exceptionnel et qu’il n’y ait personne pour s’occuper du malade (et encore, même dans ce cas-là), si, ici, vous savez garder la bonne attitude et que vous vous concentriez avec affection et bonne volonté sur la personne qui est malade, si vous savez prier pour elle et faire des formations qui sont bienfaisantes, vous lui ferez beaucoup plus de bien que si vous allez lui donner des soins, la nourrir, l’aider à se laver, enfin ce que tout le monde peut faire . N’importe qui peut soigner quelqu’un . Mais n’importe qui ne peut pas faire de bonnes formations et envoyer des forces qui agissent pour guérir .
    En tout cas, pour en revenir à notre paradis, c’est une déformation enfantine, -ignorance ou politique- de quelque chose qui est vrai dans un sens, mais qui n’est pas du tout comme cela … Je vous ai dit beaucoup de fois et je ne saurais vous le répéter trop souvent, qu’on n’est pas fait d’un seul morceau . Nous avons au-dedans de nous beaucoup d’états d’être, et chaque état d’être a sa vie propre . Tout cela est réuni dans un seul corps, tant que vous avez un corps, et agit à travers un seul corps ; alors cela donne l’impression que c’est une seule personne, un seul être . Mais il y en a beaucoup, et surtout il y a des concentrations dans des plans différents : de même que vous avez un être physique, vous avez un être vital (astral), vous avez un être mental, vous avez un être psychique, vous en avez beaucoup d’autres et tous les intermédiaires possibles . Mais c’est un peu compliqué, vous pourriez ne pas comprendre . Mettez que vous viviez une vie de désir, de passion, d’impulsion : vous vivez avec une prédominence en vous de votre être vital ; mais si vous vivez avec un effort spirituel, une grande bonne volonté, le désir de bien faire, et un désintéressement, une volonté de progrès, vous vivez avec une prédominence de l’être psychique (âme) . Alors, quand allez quitter votre corps, tous ces êtres vont se disperser . Ce n’est que si vous êtes un yogi très avancé et que vous ayez été capable d’unifier votre être autour du centre divin que ces êtres restent liés ensemble . Si vous n’avez pas su vous unifier, alors au moment de la mort tout cela se disperse : chacun retourne dans son domaine . Par exemple, pour l’être vital, vos différents désirs vont se séparer et courir chacun à sa réalisation, tout à fait indépendamment, parce qu’il n’y aura plus d’être physique pour les tenir ensemble . Mais si vous avez uni votre conscience à la conscience psychique, quand vous mourrez vous resterez conscient de votre être psychique, et l’être psychique retourne dans le monde psychique, qui est un monde de béatitude, de paix, de tranquillité, et d’une connaissance croissante . Alors, si vous voulez appeler cela un paradis, c’est très bien ; parce que, en effet, dans la mesure où vous êtes identifiés à votre être psychique, vous restez conscient de lui, vous êtes uni à lui, et lui est immortel et va dans son domaine immortel vivre d’une vie ou d’un repios parfaitement heureux . Si vous voulez appeler cela paradis, appelez-le paradis . Si vous êtes bon, que vous ayez pris conscience de votre psychique et que vous viviez en lui, eh bien, quand votre corps mourra, vous irez avec votre être psychique vous reposer dans le monde psychique, dans un état de béatitude .
    Mais si vous avez vécu dans votre vital et dans toutes les impulsions, chaque impulsion va essayer de se réaliser ici et là … Par exemple, l’avare qui était concentré sur son argent, quand il meurt, la partie de son vital qui était intéressée par son argent va se fixer là et restera à veiller sur l’argent pour que personne ne le prenne . Les gens ne le voient pas, mais il est là tout de même, et très malheureux s’il arrive quelque chose à son cher argent . J’ai connu très bien une dame qui avait une certaine fortune et des enfants ; elle avait cinq enfants qui étaient tous plus prodigues les uns que les autres ; autant elle avait pris soin de se créer une fortune, autant ils semblaient prendre soin de la dilapider ; ils la dépensaient à tort et à travers . Et alors cette pauvre vieille dame, quand elle est morte, elle est venue me trouver et elle m’a dit : »Ah ! Maintenant ils vont gaspiller tout mon argent ! » Et elle était très malheureuse . Je l’ai consolée un peu, mais j’ai eu beaucoup de peine à la décider à ne pas rester à veiller sur son argent pour qu’on ne le gaspille pas . Voilà .
    Et maintenant, si vous vivez exclusivement dans votre conscience physique (c’est difficile parce que vous aveze, après tout, des pensées et des sentiments), mais si vous vivez exclusivement dans votre physique, quand l’être physique disparaît, vous disparaissez en même temps, c’est fini … Il y a un esprit de la forme : votre forme a un esprit qui persiste pendant sept jours après votre mort . Les docteurs ont déclaré que vous êtes mort, mais l’esprit de votre forme est vivant, et non seulement vivant, mais conscient dans la plupart des cas . Mais cela dure de sept à huit jours, et après, cela aussi se dissout -je ne parle pas des yogis, je vous parle des gens ordinaires . Les yogis n’ont pas de lois, c’est tout à fait différent ; pour eux, le monde est différent . Je vous parle des gens ordinaires, vivant une vie ordinaire ; pour eux, c’est comme cela .
    Donc, la conclusion est que si voulez préserver votre conscience, il vaut mieux la centraliser sur une partie de votre être qui est immortelle ; autrement elle s’évaporera comme une flamme dans l’air . Et c’est très heureux parce que s’il en était autrement, il y aurait peut-être des dieux ou des espèces d’hommes supérieurs qui crééraient des enfers et des paradis comme ils en crééent dans leur imagination matérielle, où ils vous enfermeraient ; vous seriez enfermés dans le paradis ou enfermé dans l’enfer suivant que vous leur auriez plu ou déplu . Ce serait une situation très critique ; et heureusement ce n’est pas comme cela .

    – On dit qu’il y a un dieu de la mort . Est-ce vrai ?

    – Oui . Moi, je l’appelle un « génie de la mort » . Je le connais bien . Et c’est une organisation extraordinaire . Vous ne savez pas à quel point c’est organisé .
    Je crois qu’il y a beaucoup de ces génies de la mort, je crois qu’il y en a des centaines . J’en ai rencontré au moins deux . L’un, je l’ai rencontré en France et l’autre, je l’ai rencontré au Japon, et ils étaient très différents ; ce qui fait croire que probablement, suivant la culture mentale, suivant l’éducation, suivant les pays, suivant les croyances, il doit y avoir des génies différents . Mais il y a des génies de toutes les manifestations de la Nature : il y a des génies du feu, il y a des génies de l’air, de l’eau, de la pluie, du vent ; il y a des génies de la mort .
    Chaque génie de la mort, quel qu’il soit, a droit à un certain nombre de morts par jour . C’est en vérité une organisation fantastique . C’est une sorte d’alliance entre les forces vitales et les forces de la Nature . Par exemple, s’il a décidé : »Voilà le nombre de gens auquel j’ai droit », mettons quatre ou cinq, ou six, ou une ou deux personnes, cela dépend des jours … il a décidé quel telles personnes mourraient, il va tout droit s’installer près de la personne qui va mourir . Mais s’il se trouve que vous êtes conscient (pas la personne), si vous voyez le génie et qu’il aille à une personne et que vous ne vouliez pas qu’elle meure, alors vous pouvez, si vous avez un certain pouvoir occulte, lui dire : »Non, je te défends de le prendre . » C’est une chose qui s’est produite, pas une fois, plusieurs fois, au Japon et ici . Ce n’était pas le même génie . C’est ce qui me fait dire qu’il doit y en avoir beaucoup .
    -Je ne veux pas qu’il meure .
    Mais j’ai droit à une mort !
    – Va trouver qui est prêt à mourir .
    Alors j’ai vu plusieurs cas : quelquefois, c’est juste le voisin qui meurt soudain à la place de l’autre, quelquefois c’est une connaissance, et quelquefois c’est l’ennemi . N’est-ce pas, il y a une relation quelconque, bonne ou mauvaise, de voisinage (ou n’importe) qui, extérieurement, a l’air d’un hasard . Mais c’est le génie qui a pris « son » mort . Le génie a droit à une mort, il aura une mort . Vous pouvez lui dire : « Je te défends de prendre celui-là » et avoir le pouvoir de le renvoyer, et il n’a rien à faire qu’à s’en aller ; mais il ne renonce pas à son dû et il va ailleurs . Il y a une autre mort .
    C’est la même chose avec le feu . J’ai vu le génie du feu, surtout au Japon parce que le feu est une chose extraordinaire dans ce pays-là . Quand un feu s’allume, c’est quatre-vingts maisons qui brûlent : tout un quartier . […] Un jour j’étais dans mon lit : j’étais en train de me concentrer, de regarder les gens . Je vois tout d’un coup comme une espèce de nuage de flammes qui s’approchait de la maison . Je regarde et je vois que c’est un être conscient .
    – Eh ! qu’est-ce que ru viens faire ?
    – J’ai le droit de brûler la maison, d’allumer un incendie .
    – C’est possible, mais pas ici .
    Et il n’a pas pu résister .
    C’est une question de qui sera le plus fort . J’ai dit : »Non, ici tu ne peux pas brûler, voilà tout ! » Cinq minutes après, j’entends des cris : »Ha ! Ha ! Deux ou trois maisons plus loin, une maison avait pris feu . Il était allé là parce que je lui avais défendu de venir chez moi . Il avait droit à une maison . Voilà !

    – Quelquefois, quand les gens meurent, ils comprennent qu’ils vont mourir . Pourquoi ne disent-ils pas au génie de s’en aller ?

    – Ah! eh bien, cela dépend des gens . Il y a deux choses nécessaires . D’abord, que rien dans votre être, aucune partie de votre être ne désire mourir . Cela n’arrive pas souvent . Vous avez toujours un défaitiste en vous, quelque part : quelque chose qui est fatigué, quelque chose qui est dégoûté, quelque chose qui en a assez, quelque chose qui est paresseux, quelque chose qui ne veut pas lutter et qui dit : »Tiens ! ah! que ce soit fini, tant mieux ! » . Cela suffit, vous êtes mort .
    J’ai connu des gens qui, vraiment, selon toutes les lois physiques et vitales, auraient dû mourir ; et ils ont vécu . Il y en a d’autres qui n’auraient pas du tout besoin de mourir, mais ils sont comme cela : « Ah ! bien ! oui, tant mieux, ce sera fini ! », et c’est fini . Même rien que cela, même pas plus que cela . Vous n’avez pas besoin d’un désir persistant, vous n’avez qu’à dire : »Eh bien, oui, j’en ai assez ! » et c’est fini . Alors c’est vraiment comme cela . Comme tu dis, on peut avoir la mort debout à son chevet et lui dire : »Je ne te veux pas, va-t-en ! », et elle sera obligée de s’en aller . Mais généralement on fléchit, parce qu’il faut lutter, parce qu’il faut être fort, parce qu’il faut être très courageux et endurant et avoir une grande foi dans la nécessité de la vie ; comme quelqu’un, par exemple, qui sent très fortement qu’il a encore quelque chose à faire et qu’il faut absolument qu’il le fasse . Mais qui est sûr qu’il n’a pas au-dedans de lui un petit bout de défaitisme, quelque part, qui juste cède et dit : »C’est bien » ?… C’est cela la nécessité de s’unifier .
    Quel que soit le chemin que nous suivons, le sujet que nous étudions, nous arrivons toujours au même résultat . La chose la plus importante, pour un individu, c’est de s’unifier autour de son centre divin ; comme cela, il devient un vrai individu, maître de lui-même et de sa destinée . Autrement, il est un jouet des forces qui le ballottent comme un bouchon sur une rivière . Il va où il ne veut pas aller, on lui fait faire ce qu’il ne veut pas faire, et finalement il se perd dans un trou sans avoir aucun pouvoir de se rattraper . Mais si vous êtes organisé consciemment, unifié autour du centre divin, gouverné, dirigé par lui, vous êtes le maître de votre destinée . Cela vaut la peine d’essayer … En tout cas, je trouve qu’il est préférable d’être le maître que d’être l’esclave . C’est une sensation assez désagréable de sentir qu’on est tiré par des ficelles et qu’on vous fait faire des choses que vous voulez ou que vous ne voulez pas faire -c’est tout à fait indifférent-, mais que vous êtes obligé de faire parce que quelque chose vous tire par des ficelles et que vous ne le voyez même pas . C’est très ennuyeux . Enfin, je ne sais pas, moi j’ai trouvé cela très ennuyeux, même quand j’étais toute petite . A cinq ans, cela a commencé à me paraître tout à fait intolérable, et j’ai cherché un moyen pour que ce soit autrement -sans que personne puisse rien me dire . Parce que je ne connaissais personne qui puisse m’aider et je n’avais pas la chance que vous avez, quelqu’un qui peut vous dire : »Voilà ce qu’il faut faire ! » Il n’y avait personne pour me le dire . Il a fallu que je le trouve toute seule . Je l’ai trouvé . J’ai commencé à cinq ans . Et vous, il y a longtempsd que vous avez eu cinq ans …
    Voilà . »
    (Entretiens 1953)

  6. Bonjour,
    Voici, encore, une réflexion en adéquation avec le sujet développé dans le présent article ci-dessus, cette fois sur le site C.R.O.M. : « La drogue de la masse – Un poison pour l’âme » écrit par Henk Leene :
    http://crom.be/fr/documents/la-drogue-de-la-masse

    Que tout cela te soutienne Cécile ; bien amicalement à toutes et tous.

    • pierrot dit :

      Et si ce n’.tait pas le groupe le problème mais son appartenance ?
      Pour ma part je teste différents groupes mais je ne m’y attarde pas.
      J’ai simplement du fun dans l’ame agit de la rencontre.
      Aprés si on cherche à défendre une idéologie ou une quelconque opinion c’est une autre histoire.

    • Margelle dit :

      Entièrement d’accord avec cette vision, Delta. Il y a quelque chose du « groupe », qui joue sur la volonté de chacun. Or nous sommes des êtres sociaux. Et de plus des êtres sociaux formés à l’apprentissage collectif. C’est donc de vigilance et d’attention dont nous avons besoin. Les interactions mutuelles sont loin d’être innocentes. Nous avons à faire le clair en nous…. nos ressentis, nos motivations, nos besoins d’être « du groupe »… pour être aimés, appréciés…. et aussi la peur de blesser… tout cela qui joue… et n’est jamais terminé.

    • pierrot dit :

      Excellent et le premier et dernier pas se fait seul!
      Goûter c’est ne pas être dans le dégoût.
      C’est l’identification à ce qui arrive qui crée la séparation et qui nous coupe du flux de la vie.

  7. Bonjour,
    Anne Givaudan vient tout juste de s’exprimer sur le sujet développé dans ce présent article :

    http://www.choix-realite.org/7386/nombre-dentre-vous-me-demandent-si-je-cautionne-un-tel-ou-une-telle

    Amicalement

    • Marie Christine dit :

      Merci Delta . C’est tout à fait ça ! Sachant qu’un groupe, comme le dit Michael, commence à deux .
      Aucune emprise, qu’elle soit physique ou psychologique, n’est plus tolérable .
      Des gourous, il y en a partout . Il n’y en a pas que dans les sectes ou les regroupements spirituels, il y en a dans les couples de conjoints, dans les amitiés, dans les familles, chez les parents avec leurs enfants, dans les relations professionnelles, dans les administrations, dans la politique, etc … Les comportements gourous courent les rues . Ils sont notre voisin de palier, l’inconnu que l’on croise …
      Ca s’appelle la SOIF DE POUVOIR .
      Mais Dieu a donné à chacun son pouvoir propre, équitablement . Personne n’a droit à un pouvoir supérieur .
      Chaque fois que nous nous reconnectons à notre centre, nous reprenons notre pouvoir légitime, celui que Dieu VEUT en nous, celui que Dieu EST en nous .
      Il n’y a pas de pouvoir extérieur valable . Le pouvoir n’est qu’intérieur .
      C’est simple et facile comme chez IKEA (voir la notice).

    • Cécile dit :

      « Demandez-vous simplement si ce qui est dit ou enseigné vous rend plus aimant et plus serein dans votre quotidien ou si cela est comme une drogue dont vous en avez toujours plus besoin et flatte votre ego… », dit Anne Givaudan en conclusion de cet article plein de bon sens.
      Merci à toi Fred pour ce rappel utile.

      • Nora dit :

        Merci pour ce texte, peut être que certain d’entre nous on encore besoin du groupe pour enfin se rendre compte au final qu’il est une illusion une échapatoire au travail personnel.
        Bien à vous tous

  8. Cécile dit :

    J’aimerais partager ici un témoignage sur le thème de notre relation au groupe, le groupe étant entendu ici au sens large – les êtres humains avec qui je suis en relation au quotidien : conjoint, enfants, amis, collègues, voisins…
    Cet été, la vie m’a amenée à tout quitter pour m’installer dans une ville où je ne connais personne. Je n’ai plus à m’occuper de ma famille, je n’ai aucune connaissance amicale dans mon entourage géographique, je n’ai pas de collègues de travail puisque je travaille chez moi, je ne me suis inscrite à aucun cours, club ou autre association. En d’autres termes (à l’exception des amis disséminés à travers la France, la Suisse et la Belgique, avec qui j’ai gardé le contact par téléphone ou internet), j’ai créé autour de moi les conditions d’une solitude totale.
    Pour le dire autrement, j’ai fait le vide autour de moi.
    Et dans ce vide, j’ai vu au fil des semaines émerger des parts de moi que je n’avais pas encore remarquées, des parts qui souffrent et demandent à être regardées, accueillies, et qui jusqu’à présent étaient restées relativement endormies par la routine de la vie familiale et amicale.
    Ces parts-là, et c’est là que je veux en venir, sont toutes des variations sur le thème « besoin de reconnaissance et dépendance affective ». Je les ai vues s’exprimer, au fil de brefs échanges chaque fois très instructifs, dans des registres tels que la culpabilité, la fusion émotionnelle, la victimisation, le vampirisme énergétique, la croyance que je dois sauver les autres, le sentiment d’infériorité, et j’en passe.
    Comme j’ai mis en place autour de moi ces conditions dans une optique de transformation et de guérison, j’accueille chaque émergence de ces parts blessées de l’ego pour ce qu’elle est : une occasion de réunir ces aspects fragmentés de qui-je-suis.
    Le message que j’aimerais transmettre à travers ce témoignage, c’est que l’isolement relationnel peut avoir une fonction thérapeutique extrêmement puissante. Seul face à soi, il devient difficile de se mentir.
    Cette expérience peut se révéler « un véritable cadeau que l’on se fait à soi-même », comme le formulait récemment un ami très cher. Une occasion en or de ramener à soi les parts endormies, perdues, maltraitées. Une chance de redevenir entier et vivant en ayant intégré, autant que possible, tout ce qui avait été perdu en cours de route. Un accélérateur de lucidité. Un recouvrement d’âme.
    Je précise bien sûr que ce processus de transmutation intérieure a du sens à condition d’être vécu en conscience et limité dans le temps. L’être humain est un être de relations. Je sais que la vie me conduira à retourner « dans le monde » à plus ou moins brève échéance pour y reprendre ma place, une fois rassemblée, réunie, restaurée autant que possible dans cette plénitude originelle qui brille en chacun de nous, sous nos haillons de non-lumière.

    • Marie Christine dit :

      Une expérience unique !
      Merci Cécile pour ce partage et pour ta grande sincérité .

    • Le Passeur dit :

      Merci de ton témoignage. Comme tu l’as vécu et compris, ces traversées ne peuvent être que des traversées solitaires. Au moins pour un temps.

    • François dit :

      Merci Cécile de nous partager ton expérience. C’est une grande joie que de te lire, la chenille devient papillon et regarde le soleil de sa conscience en murmurant délicatement….. j’arrive !…. ♥

    • alain thomas dit :

      Lumineuse Cécile, courageuse, audacieuse, téméraire … avec un soupçon de fragilité sans laquelle l’être humain n’aurait pas la capacité à regarder en lui toutes les blessures.
      C’est dans la solitude que le grand voyage intérieur commence.
      Nous devenons alors les explorateurs les plus perspicaces, à condition de voyager tous azimut, avec le cœur grand ouvert et cet amour de soi naturel qui fait courber la tête.
      Les larmes peuvent alors couler … elles soignent puis guérissent.
      ♥ ♥ ♥ ♪♫ ☼ ♫♪ ♥ ♥ ♥

    • Marie-Anne dit :

      Se retirer, d’une manière ou d’une autre, est nécessaire à un moment donné, pour éclairer, comprendre et libérer son passé, ses blocages, ainsi que ses entraves et ses charges (personnelles ou ancestrales).
      Puis viennent, si on le désire et y « travaille » en confiance et en conscience : l’envol, l’élévation / révélation! , et l’être libre et joyeux, qui peut vivre et rayonner dans le monde!

      Ainsi, beau chemin à toi, Cécile; merci,… et de tout coeur avec toi et avec tout ceux qui oeuvrent à l’élévation d’eux-mêmes et, finalement, de tous! ❤️