Le Chemin dans le chaos

Zdzislaw Beksinski15Par le Passeur.

Voici venu le moment où notre centrage – entendez par là notre capacité à demeurer au centre de nous en conscience de qui nous sommes – va devoir faire ses preuves.

L’extérieur reflète bien les divisions intérieures. Ce qui se met en place dans la manipulation des foules, soigneusement planifié depuis très longtemps, est arrivé dans une nouvelle phase de déstabilisation qui amène dans un premier temps l’être dans un état de réactivité émotionnelle. A ce stade, par pure identification, un egrégore puissant est créé qui nourrit les êtres qui l’ont voulu au plus haut niveau. Ceux nombreux qui s’identifient un peu partout aujourd’hui savent-ils vraiment ce à quoi ils s’identifient en brandissant une pancarte commune ? Les évènements qui se succèderont auront pour objectif d’attiser la division – donc le sentiment de séparation – jusqu’à la haine. A cet ultime stade, l’être touche inconsciemment au désespoir du sentiment de séparation et cherche alors à adhérer au groupe qui le sécurisera. C’est là que le nouvel ordre tant attendu par ceux qui l’ont fomenté pourra se mettre en place avec le soutien ignorant du plus grand nombre. L’adhésion ou la non adhésion au groupe déterminera notre liberté.

J’ai parlé il y a quelques années (déjà…) du chas de l’aiguille par lequel nous sommes en train de nous faufiler. Que ce chas est étroit… C’est une sacrée cure d’amaigrissement de l’égo qu’il nous a fallu tous entreprendre. Pour autant, n’oublions pas que l’égo est une baudruche multivalves toujours prompte à se regonfler par là où on l’attend le moins (voir ici). Nous qui avons entrepris de nous libérer devons nous revisiter en profondeur maintes fois et toujours sous les angles inédits que notre Soi supérieur nous propose au quotidien. Tel est le chemin de la connaissance de Soi. Je devrais dire, tel est LE chemin. Il n’y en finalement pas d’autre que celui de la connaissance de Soi, car là tout se trouve, là tout se révèle, là s’offre la vision éclairée de toute chose, là se découvre voile après voile le sens de l’unité et l’illusion de la séparation.

Parce que finalement nous ignorons qui nous sommes réellement alors que nos peurs nous séparent, nous nous identifions toujours à quelque chose dont nous épousons la cause et nourrissons la croyance  par notre adhésion. Nous ne pouvons au mieux que nous défaire de ces peaux que nous revêtons, au fur et à mesure d’une meilleure connaissance de nous. Ce qui implique donc d’avancer non à travers de nouvelles identifications qui se présenteraient sur le chemin – et il va s’en présenter encore –  mais en nous dépouillant pour n’être qu’un observateur lucide et attentif qui nourrit sa maîtrise non par la recherche extérieure à laquelle il s’identifierait encore, mais dans l’espace intime de son être où l’amour de toute chose réside. Là il peut véritablement agir en conscience, si cela lui est demandé ou si cela naît d’un plaisir nourrissant pour son âme. Être dans ce monde mais pas de ce monde.

L’amour n’est pas ce concept mielleux souvent véhiculé au sein des adeptes du New Âge et qui n’est rien d’autre qu’une stratégie d’évitement de ses douleurs, propice à nous éloigner de notre libération de la matrice à laquelle nous avons adhérée.  L’amour n’a rien de mielleux, c’est la force suprême, parfois impitoyable, qui régit la Création et dont nous ne sommes en aucun cas séparés. Il réside en nous et ne demande qu’à rayonner, malgré les blessures et les peurs qui le masquent, nécessitant de ne pas brûler les étapes.

L’épée de lumière ne se brandit pas avant d’avoir été forgée, nombre de pèlerins l’ont oublié et se nourrissent de l’illusion de la brandir, souvent à travers la force du groupe, qui s’autovalide par son souci permanent de cohésion pour maintenir sa force et son pouvoir, et dont il convient pourtant de se défaire (lire Michael Brown). Je l’ai dit et redit et le répète encore, c’est un chemin éminemment solitaire, où les aides sont acceptables tant que l’on ne joue pas le jeu de l’adhésion au chemin d’autrui, tant que l’on n’est pas dupe des jeux de pouvoir plus ou moins conscients qui s’exercent en toute communauté qui éprouve le besoin d’elle-même. De même, vouloir aider autrui d’après ce que l’on croit et même si on nous le demande ne nous oblige pas à nous investir d’un rôle d’enseignant ni encore moins de marchand et ne nous astreint pas non plus à devoir présenter une image de l’impeccabilité.

Nicholas Roerich43Nous sommes de passage et rien d’autre que de passage. Est-ce pour laisser une trace en ce monde ? Non. Seuls les égo espèrent qu’on se souviendra d’eux. Nous passons pour ne laisser justement aucune trace, aucune empreinte, rien qui nous enferme une fois de plus ici-bas.

Si nous nous défaisons de nos programmes en ce périple très formateur, nous devenons une faille par laquelle s’engouffre l’inconnu au cœur d’un hologramme défini par l’adhésion que la communauté humaine lui accorde. Ce qu’est cet inconnu n’est rien d’autre que l’amour débarrassé des conventions humaines à son sujet et des croyances que nous avons de le voir rayonner là où seuls nos espoirs maquillent son absence. Même là pourtant, dans le vif de la blessure, l’amour n’est pas absent, il épouse au plus juste le jeu de rôle qui convient pour nous conduire à le révéler.

Nous sommes filles et fils de la Terre et du Ciel, nous sommes le Haut et le Bas, le Très Haut et le Très Bas, unis dans la forme et au-delà de toute forme. Nous avons donné des noms pour jouer le jeu de l’identification et là nous avons commencé à nous séparer. Nous sommes des fractions illustrant une part séparée du Tout dans une matrice pratiquement close qui est notre terrain de jeu. Nous y créons tout en inconscience jusqu’à apprendre à créer tout en conscience. L’expérience peut potentiellement s’arrêter pour chacun à tout moment. Elle va de toutes façons s’arrêter dans cette forme pour tous d’ici peu, et s’il est certain que chacun vivra ce qu’il appelle à lui selon ce qu’il vibre, quiconque en revanche affirme pour tous comment les choses se dérouleront n’est lui-même que la proie de son égo qui œuvre inconsciemment à créer sa réalité en espérant la projeter sur autrui.

Collectivement, c’est à dire pour tous ceux qui adhèrent à une croyance de communauté et vibrent à l’unisson avec elle, quelle que soit la taille du groupe, la philosophie exprimée ou les peurs sous-jacentes qui maintiennent sa cohésion, c’est la croyance dominante du groupe – l’égrégore – qui déterminera leur vécu. Individuellement, pour les êtres qui ont suffisamment cheminé pour ne plus léguer leur pouvoir à autrui – autrui étant un groupe, un gourou, une religion, un parti politique, un Etat, une lignée, leur femme, leur mari, leur père, leur mère, leur voisin… – et qui ne s’identifient plus à une empreinte – des mémoires, des traumas, un sentiment d’appartenance, des résurgences émotionnelles… – pour ceux-là personne ne peut dire ce qu’il adviendra car à ce stade chacun suit librement son propre trajet. Seul l’égo cherche toujours à prévoir, sur le lit de ses peurs encore vivantes.

L’adhésion, c’est la version de l’identification de celui qui nourrit sa dépendance dans le soutien d’autrui. Celui-là cherche seulement la main qui le conduit et le rassure, l’aile sous laquelle il se sent plus en sécurité. Celui-là donne son pouvoir, devient dépendant et se ferme à sa voie de libération, croyant que l’autre, le groupe, le retour d’un Messie, le nouvel ordre mondial, l’arrivée des frères des étoiles ou l’intervention de je ne sais quelle Fraternité travaillant pour eux, va l’entraîner dans son sillage. Ca n’est pas faux, sauf que c’est le sillage d’un chemin ne menant pas là où il croit aller. L’adhésion, c’est aussi celle à un système de pensée ayant sa forme de logique, une croyance. A nouveau on est de ce monde et pas seulement dans ce monde. Identification et retour à la case départ. Tout se façonne autour de cela. Il ne s’agit pas de fuir toute adhésion à ce qui nous semble sonner juste chez autrui, ce serait absurde et d’ailleurs contradictoire car de quoi encore aurait-on peur ? Il s’agit de ne pas disperser notre énergie et de ne pas faire de cette adhésion une identification, ni de la prolonger en un refuge collectif. (lire Krishnamurti).

En ce subtil jeu de mikado que nous démêlons, tout est l’occasion d’aller au contact le plus intime de ce que nous ressentons derrière ce que nous croyons ressentir. C’est un examen qui demande de la fermeté avec soi, beaucoup de rigueur et qui n’est pas toujours facile car c’est un exercice dont la difficulté est proportionnelle à la force du mental qui s’y oppose. Mais il n’y a pas d’autre manière de faire qui ne soit trompeuse et matière à alimenter notre mental au détriment de l’ouverture de notre cœur.

Lorsqu’on touche à nos blessures primordiales nous avons grand mal à exercer notre discernement, nous perdons de notre lucidité, nous nous masquons la réalité de ce qui reste encore en nous et que l’on croyait guéri et, à fortiori, ce que nous n’avions pas encore vu. Au mieux, nous nous contentons alors d’analyser avec justesse ce qui se passe, mais seulement jusqu’au degré qui précède la pleine lucidité, tout en croyant avoir totalement approfondi le sujet. J’en sais moi-même quelque chose pour avoir l’avoir vécu et le vivre encore régulièrement. Comment éviter cela ? Peut-être justement en ne s’identifiant pas à ce que nous croyons alors de nous en cet instant, en acceptant d’envisager que nous ne sommes pas allés assez loin dans notre exploration, en jouant le jeu de déceler le voile qu’il reste à lever alors que nous avons l’impression qu’il n’y en a plus. Bref, en n’étant sûr de rien et en l’acceptant sereinement, jusqu’à remettre si nécessaire en cause nos fondements.

He Qi03Nous sommes une énergie toujours en mouvement et par nature propre à capter tout ce qui nous traverse, sous forme de ressentis, de pensées, de sentiments, parfois de visions ou d’autres perceptions extrasensorielles. Qu’est-ce là-dedans qui nous appartient vraiment ? Et d’ailleurs quelque chose nous appartient-il vraiment ? Sommes-nous un tant soit peu ce qui nous traverse ? Pouvons-nous juste vivre le sentiment d’être là et accepter que nous n’en savons pas plus ? A partir de là pouvons-nous juste ressentir la simplicité de notre condition empêtrée par tant de constructions issues de notre ignorance des mécanismes profonds de la vie, de nos souffrances et de nos conditionnements qui sont autant de programmes implantés sur notre virginité primordiale ? Pouvons-nous finalement être le virus qui va désactiver définitivement tous ces programmes ? Juste en retrouvant le chemin de notre innocence ?

Notre innocence n’est pas loin, elle est juste brouillée par l’illusion faite d’identification et d’adhésion que nos programmes ont créée dans leur virtualité. Il n’y a aucune différence entre ce que nous avons vécu jusque-là et ce que vit un adolescent addict au jeu vidéo qui hante ses jours et ses nuits. Comme nous à un autre niveau, il est totalement identifié à son rôle dans le jeu et adhère totalement à la réalité de cet univers et de ses règles, au point de n’accorder au reste que la valeur d’une parenthèse en-dehors de la réalité.

Aujourd’hui plus que jamais, grâce à l’énergie dont nous bénéficions dans cette zone de l’espace que notre système solaire traverse, nous avons la capacité de sortir de l’illusion, pour peu que nous acceptions de poursuivre en nous avec ténacité, rigueur et sans concessions, mais toujours avec bienveillance, tout espace d’inconscience qui se manifeste à travers nos attitudes, nos paroles, nos postures, mais aussi l’énergie que nous mettons dans ce que nous faisons, ce que nous disons, et qui n’est parfois perceptible que par l’autre, juste devant nous, qui va nous le dire sans jugement et sans résonance en lui s’il a fait lui-même le travail, ou qui va y réagir par résonance s’il ne l’a pas fait.

Il faut aller au bout du bout de ce processus, il n’y a pas d’échappatoire qui mène à la libération. Tout autre chemin que cette rigueur implacable quoi que bienveillante avec nous-même, nous dissimule encore à nous-même. Ce n’est peut-être pas plaisant à entendre, cela ne cadre pas avec les discours qui nous disent qu’il n’y a pas à se fatiguer, que d’autres travaillent pour nous, mais si l’on a fait le choix de se libérer, si l’on a pris le sentier escarpé, les obstacles et les tentations de s’en éloigner sont nombreux. C’est pourquoi nous devons renouveller en permanence le choix du chemin sur lequel on s’est engagé, sans s’identifier à quoi que ce soit, sans se laisser embarquer émotionnellement dans les dramaturgies organisées du monde, sans non plus se prendre au sérieux et en appréciant l’humour et la joie que la vie nous offre au-delà des tourments illusoires. J’ai écrit un jour que personne ne serait laissé sur le bord du chemin et je le pense toujours, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas se laisser tout seul au bord du chemin… Chacun a toujours le choix de croire qu’on va le prendre par la main ou celui de grandir.

Fraternellement,

© Le Passeur – 9 Janvier 2015 – http://www.urantia-gaia.info > Cet article est volontiers autorisé à la diffusion à la seule condition de ne pas l’associer à une démarche commerciale, de respecter l’intégralité du texte et de citer la source.

Cette série d’articles est réunie dans la rubrique « L’Eveil ».

 

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Nomade sur le chemin...
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226 réponses à Le Chemin dans le chaos

  1. crée par Ahad dit :

    Salam ,

    Ici un homme qui parle de L Unique d une manière que j’aime , et qui apaise les cœurs .

    http://youtu.be/d9ZeY0kVlus

  2. Amun dit :

    A propos de la canalisation de M M… Je ne comprends pas du tout cette histoire « d’enlever toutes les différences » ethniques, religieuses etc…
    Comment pourrait-on faire un travail sur l’égo s’il n’existait plus aucune différences ? Ce serait génial peut-être… on pourrait mettre des mots et des idées comme « tolérance », « respect », « échange », « enrichissement mutuel », « fraternité », « liberté », « égalité », « pluriel », « différence », « réconciliation », « compassion » à la corbeille, poubelle, finito on est grand maintenant!!!

    Une seule race pour une seule couleur! Il ne restera plus qu’à couler du béton partout pour avoir enfin une planète bien propre avec une seule race, une seule couleur, une seule éspèce et une seule pensée (ou une non-pensée plutôt).

    Au fait c’est à quel moment que l’égo s’incline devant le Mystère de l’être ? Avant, pendant ou après l’éveil ?

    • Margelle dit :

      Amun, tu sembles poser une question, n’est-ce pas ? Et si M.M. dans sa canalisation (que je n’ai pas lue) proposait d’enlever « seulement » la superficie pour laisser place à l’unicité de l’être, dans sa totale authenticité, dans son entière créativité ? Est-ce envisageable ? d’après ce que je perçois l’espace du mystère aurait encore toute sa place, ainsi que le respect dû à l’autre.
      Bien à toi.

    • claude dit :

      c’est au moment ou il se place entre ce qui est et ce qui devrait être, quand il ne compare plus, qu’il reste dans les faits,
      ce n’est pas pour cela qu’on est en accord avec ce qui est, si cela va à l’encontre de notre propre liberté.

    • Thau dit :

      Laisse les canaux à Venise….

    • Salvia dit :

      Margelle, j’ai survolé rapidement cette canalisation, curieuse comme je suis… Résultat: c’est , pour moi, une perte de temps…

      Delta de la Lyre, tout à fait de ton avis au sujet de la canalisation de M M…

      Amun, le Divin, n’est-ce pas, justement, la joie de la multiplicité qui se manifeste, entre autre, dans toutes ces races? Et la création n’est-elle pas permanente, d’où toutes ces différences? S’instruire sur nos origines, lointaines, est une chose très enrichissante à ce sujet. L’ego me semble indispensable pour prendre conscience d’où nous venons et vers où nous retournons, ça dépend de quelle manière nous nous en servons.

      Thau, non seulement il faut laisser les canaux à Venise, mais il est temps d’arrêter de ramer, les gondoles prennent l’eau!

      • claude dit :

        comment si prendre pour s’instruire sur nos origines et avoir la confirmation d’une juste informations?
        est ce en faisant confiance à des canaux?
        à des infos extérieur?
        la gondole est immergée…..

        • Salvia dit :

          Pour ma part, je puise dans la Sagesse des anciens écrits. Les mythes et les légendes, entre autre, sont plus instructifs qu’il n’y paraît à un simple curieux. Ils existent, ils suffit de les trouver, et de faire l’effort de les lire…
          Les canalisations sont presque à 100% des leurres, pour ceux qui reçoivent ces canalisations et pour ceux qui y adhèrent. Il y a bien du monde qui s’amuse à égarer celui qui est crédule, mais cela aussi fait partie des leçons à apprendre.
          Toujours garder son libre-arbitre, travailler son discernement, et rester humble. Oui, l’absence d’humilité est pour moi le premier signe qui me rend prudente face à ces messages, et donc je ne les lis qu’exceptionnellement.
          Et pour la gondole qui est immergée, j’aime bien me gondoler… de rire 🙂 Un des aspects des personnes qui canalisent, c’est très souvent un manque total d’humour. Ils sont sérieux, et surtout, se prennent au sérieux! Dans ce cas je dresse l’oreille et je change de direction. Mais personne n’est obligé d’adhérer à leurs messages, pas vrai? Fais le test et tu seras surpris: pas d’humour? Pas d’amour…

  3. tengu dit :

    Long time no see.
    Des mois que je n’avais pas gouter le bonheur et l’elegance de tes mots LePasseur.
    Quelle baume au coeur de pouvoir contempler la lumiere de ton phare, veritable point de repere, et de sentir que nous ne sommes pas seul dans cette direction.
    Une fois de plus je me retrouve dans chaques lignes.
    Quelle justesse !

    Et content de voir que les habitues sont toujours aussi actif dans les commentaires !

    Merci 🙂

  4. On vient de m’inciter à lire la dernière canalisation de M M (« Un test important et réussi », 17 janvier 2015) afin de comparer de rapprocher les impressions.
    Et là il n’y a plus aucun doute sur la qualité ou la provenance de ce qu’elle reçoit !
    C’en est même effroyable parce qu’il y a des centaines et des centaines de gens qui vont lire cela.
    C’en est odieux.
    Il n’y a pas de mots.

    Lorsque Le Passeur il y a quelques mois avait fait comprendre aux lecteurs qu’il y avait plusieurs quais et qu’il fallait assez rapidement savoir sur quel quai l’on allait se positionner, et bien on y est, on est en plein dedans.

    Pour ne pas jouer à ce que certaines forces attendent éperdument je m’abstiens de publier d’une part une série d’articles qui auraient décrit l’ombre et l’obscur car de toutes les façons l’internaute de bonne volonté trouvera de quoi se mettre sous la dent via d’autres sites internet et d’autre part un article répertoriant toutes ces actuelles canalisations malsaines des uns et des autres qui auraient été agrémentées de commentaires qui auraient pu par là mettre sérieusement en garde le lecteur.

    A bon entendeur, salut.
    Que votre Soi supérieur veille sur Vous en cette période où la guerre est définitivement belle et bien déclarée.

    • claude dit :

      que représentent des centaines de gens sur des milliards d’habitants, une goutte d’eau dans l’océan,
      ce qui est étonnant dans le monde, c’est qu’il y a plus de prise de conscience chez ceux qui n’ont suivi aucun enseignement, aucun guide, que l’inverse….va savoir pourquoi, cela fait chaud au cœur.
      et sur ce point je rejoint Krishnamurti, « cette lumière qui est en nous »
      simplement être claire avec nous même.

  5. Chantal dit :

    Nous sommes le chemin, l’amour est inclusif et non exclusif, muet, sans paroles, la vie est comme un chant spontané, à nous de l’accepter, de vibrer avec, nous évoluons et nous nous transformons, je suis, vulnérable, j’ai un défi, c’est d’être toujours cohérente et transparente avec moi-même, en me réconciliant avec toutes les parties non acceptées, ce qui m’aide c’est d’apprendre et à pratiquer la voie directe, c’est une écoute comme si la vacuité te dictait… Entre autre, certains parlent de mission, en fait, nous sommes tous et toutes des passerelles… Maintenant, j’ai l’image du yin et du yang si parfaite devant moi, je vois cet équilibre, ne faudrait-il pas relier ses opposés pour les faire se rencontrer, si nos polarités féminines et masculines étaient en harmonie, équilibrés en chacun… Nos consciences s’étirent et j’en ressens l’accélération pressante vers une transfiguration comme une résurrection de notre ascension spirituelle, déjà le temps n’est plus linéaire pour moi, cela crée des incidents dans la vie relative, mon entourage pense que je délire…Bref, ça bouge !!! ça remue !!! Pour tous, chez tous, le plus important pour moi, c’est d’être vigilante et de rester unifiée, pour cela seul le cœur l’est… Merci à vous d’être en conscience.

    • claude dit :

      il est très gentil Tom, cependant il ramène lui aussi une solution basé sur l’extérieur, et non sur l’intérieur,
      les nœuds chaotiques ne sont pas dû à la descente vibratoire, ils étaient déjà bien présent avant, ils sont simplement mis en évidence,
      si l’on est soi même, vrai, rien de tout cela ne nous déstabilisera, la vie se placera simplement dans la fluidité.
      selon ce qu’on est,
      suivant ou on va,
      et non ce que l’on voudrait être, ou l’on voudrait aller

      • pierrot dit :

        C’est pour cela qu’il y parle d’humour aussi

        • claude dit :

          oui cependant , c’est reçu sont extérieur…..
          exprime aussi l’autre à allez vers l’extérieur…
          le ressenti va dans qui parle? qui est à l’autre bout du fil?
          quel est son but? aussi subtil que cela peut être il y à une clarté falsifiée, se sont encore les hautes sphères de la prédation sans doute?
          dans mes reçus par l’êtreté il m’a été, (et pas seulement à moi) communiqué que les êtres ascensionnés n’interviennent plus en mots sur ce monde car se serait allez contre le choix de vie. ce serait une atteinte à leurs libertés, à l’autonomie. Pierrot, tu as aussi la possibilité de recevoir des infos directement de ton être, ne sont t’elle pas plus vrai que toutes ces sois disant élucubrations qui ne peuvent être prouvées dans la matière. la vigilance ne va t’elle pas aussi dans ce sens?

    • Thau dit :

      Hathor ou à raison ? 🙂

  6. alain thomas dit :

    Cher Taoufiq,

    Il n’y a pas de « je suis meilleur que toi » … il y a juste des énergies … et celles du haut ne sont pas meilleures que celles du bas, elles ont besoin les unes des autres pour former ce Tout indivisible qui évolue sous la forme spiralaire du Nouveau permanent.
    Sans les énergies négatives point de sens, nous ne saurions pas évoluer. Ce sont elles qui nous réveillent quand elles émergent. Et nous les produisons tous.

    Il est important Taoufiq dans ces moments-là d’ouvrir les yeux en grand et de tourner son regard vers l’intérieur. Ainsi, au plus profond du cœur, sans préjugés, nous dressons la table de la Connaissance et laissons tout émerger, simplement.
    Et nous voyons …
    Nous pouvons peut-être pleurer ou être emplis de compassion puis se sentir trahis ou en colère ou bien encore ressentons-nous de la culpabilité ou avons-nous envers nos aînés un peu de rancœur ou autres sentiments douloureux ! …
    Nous expérimentons la souffrance des autres lorsque nous fermons les yeux ; nous regardons à l’intérieur… et nous projetons en pleine conscience.

    Nous avons créé ce monde avec nos pensées, nos actes ; les graines du passé portent les fruits de la maturation. Infailliblement, elles germent.
    Tout ce qui arrive provient d’une multitude de choix dont chacun porte la responsabilité.
    Il ne s’agit pas de dire « j’ai tort » ou « j’ai raison » non !

    L’ignorance c’est le fait de ne pas voir … c’est tout.
    Et c’est maintenant qu’il faut voir.
    Si nous ne voyons pas maintenant, quand est-ce que nous verrons ?
    Et ce que nous voyons est un tel imbroglio que rien n’est laissé au hasard ; pas une seule pensée n’est morte pour rien, tout a contribué à notre évolution.
    N’est-ce pas maintenant qu’il est temps d’agir, de porter le fardeau et s’alléger ?
    Pourquoi devrions-nous abandonner la bataille de ce qui Est ?
    Car c’est bien de cela dont il s’agit … ce qui Est !
    Faisons l’effort (djihad) de voir … en nous-mêmes … ce qu’il se passe !
    Et tirons profit de cette expérience, ne serait-ce que pour les autres !
    Pas en les changeant bien sûr.

    Le simple fait de prendre conscience de ce qui Est, au moment présent, suffit pour établir un pont entre Soi et les autres.
    L’Amour jaillit … la Conscience est cette faculté qui nous permet de voir … et d’évoluer.

    Bien à toi avec tout mon amour ♥

    • Thau dit :

      1) Il n’y pas de pb qui ne resiste à une absence de solution…:)

      2) veux pas faire l’effort (le djihad)…cf. mon droit à la paresse…. 🙂

      Taoufiq-Alain Thomas = Aimer à perdre la raison…. 🙂

      • alain thomas dit :

        1) Il y a toujours une solution à un problème … même la moins pire 😀

        2) La paresse n’est pas un droit mais un devoir … d’école 🙂

        3) Taoufiq-Alain Thomas = Aimer gagner bien Thau 😀

  7. André Chenet dit :

    Émerveillé par l’équanimité et la sage lucidité de Abdennour Bidar que je ne connaissais pas avant d’arriver dans les commentaires ci-dessus. Il s’agit effectivement d’une parole essentielle à partager, à faire entendre d’Orient en Occident. Je passe de temps à autre par chez vous et vient y puiser cette joie intime de l’écoute par laquelle tout enseignement de vie commence et s’éprouve ensuite d’instants en instants, sans relâche. Je viens et m’en vais non sans éprouver de la gratitude envers Le passeur et ses ami(e)s. Autant me rebutent les postures « New-Age » qui sous prétexte de recherches spiriuelles ne font que piéger des âmes en peine, autant parmi vous je goûte la fraîcheur d’une authenticité très rare. Avec mes salutations les plus fraternelles.

  8. Patricia dit :

    Une autre histoire de ce même chemin,
    dans la fraîcheur et la profondeur de Lorano
    ( pour ceux et celles qui ne connaissent pas encore)

    http://energiedevietreautrement.jimdo.com/

  9. Marie Christine dit :

    Les meilleures caricatures ne sont-elles pas celles qui concernent tous les hommes ?

  10. Marie Christine dit :

    Toutes les religions ont un message pur à leur origine et des déviations par la suite .
    Ce sont ces mensonges et ces débordements (croyances dues à des fausses interprétations) qui expliquent tous ces comportements absurdes, très directs et violents dans certaines religions, plus larvés et hypocrites dans d’autres .
    J’ai eu moi-même des amis d’origine maghrébine, pleins de tolérance et de respect, d’autres un peu plus radicaux . J’ai été révoltée par des comportements racistes manifestes de la part de mes compatriotes . Je ne comprenais pas pourquoi ces musulmans doux et compréhensifs ne s’exprimaient pas plus . C’est pourquoi j’avais écrit ce poème (il y a une dizaine d’années) . Je vous le transmets maintenant car il semble être d’actualité .

    LE VRAI ISLAM

    Islam de tolérance,
    Montre ton vrai visage,
    Crie ton appartenance
    A la race des sages !

    Islam de la douceur,
    Montre-nous la beauté,
    Le respect, la grandeur
    De ton âme cachée !

    Islam de vérité,
    Montre-nous ta confiance
    Et fais-nous partager
    Ta haute transcendance !

    Islam de la puissance,
    Montre-nous cette foi
    Qui berce ton enfance
    Et éclaire tes pas !

    Islam de l’amitié
    Et de la compassion,
    Montre aux peuples entiers
    Quelle est ta vraie mission !

    • pierrot dit :

      Pour ma part la seule vrai religion est celle qui n’est pas écrite.
      Bah oui on ne peut écrire sur la présence, elle ne peut que se vivre.

      • Marie Christine dit :

        Bien sûr que la vraie présence ne peut que se vivre .
        Ensuite, nous avons des instruments humains pour la transcrire et la communiquer comme on peut . Ces instruments sont imparfaits, c’est le mental avec ses voiles, c’est ce qui est à notre disposition pour relier le haut et le bas, le ciel et la terre, l’esprit et le corps .
        Bien sûr que les mots ne sont pas à la hauteur de l’expérience et du ressenti lui-même, mais ils portent en eux les vibrations qu’on y met, et cela vaut la peine de partager, d’embellir et d’enrichir l’échange .
        C’est notre tentative de réaliser l’unité . C’est cela que nous sommes venus faire sur terre .
        On peut soit rester dans la violence et l’inconscience, soit savourer le nirvana en solitaire . C’est un choix .
        Mais certains sentent en eux l’élan de combiner sensation de la présence avec partage, communication . Et cela demande un élargissement, et même parfois cela exige d’accepter d’attendre ou de rester dans une vibration plus basse pour permettre à tous, en leur donnant le temps nécessaire, de mûrir par des prises de conscience .
        On voit de plus en plus d’éveillés (de plus en plus de jeunes) mus par une pure générosité d’âme, aider les autres par leurs paroles et leur exemple . Ils sont charismatiques, emplis d’amour, de paix et de joie intérieure . Ils trouvent les mots pour communiquer ce qu’ils vivent et aider les autres à le réaliser .
        D’autres se chargent d’informer afin d’élever la conscience, d’acceder à une plus grande lucidité et capacité de discrimination . Ceux-là aussi sont poussés par un élan du coeur et la présence divine en eux .
        Chacun remplit entièrement sa mission, au seul service divin .
        J’éprouve beaucoup de gratitude envers tous ces êtres qui se dédient au vrai progrès de l’humanité, sans soucis de profit personnel . Ils sont la preuve vivante que les forces de lumière sont à l’oeuvre . Ca fait chaud au coeur !

        • Margelle dit :

          Oui, Marie-Christine, je reçois entièrement ton message. On peut planer à certaines hauteurs, et refuser les manifestations trop humaines, ou bien les accepter et tenter de vivre en même temps hauteur (enfin, si on y croit) et humanité.
          Les mots devraient être là pour porter et non pour casser (mais on fait ce qu’on peut… et qui sait vraiment ce qu’on fait vraiment ????)… Je t’embrasse

      • Jacques dit :

        Très juste Pierrot !
        Je rappelle également cette citation :
        « On ne peut pas être religieux et en même temps hindou, musulman, chrétien, bouddhiste. Un esprit religieux n’est pas à la recherche de quelque chose, il ne peut faire aucune expérience avec la vérité, car elle n’est pas une chose qui puisse être dictée par le désir ou la souffrance, ni par un conditionnement, hindou ou autre. L’esprit religieux est un état d’esprit en lequel il n’y a aucune peur, donc aucune croyance d’aucune sorte, mais seulement ce qui « est », ce qui est, en tout état de fait. »
        Se libérer du connu de Jiddu Krishnamurti

        • Saam Enki dit :

          Juste d’accord avec cette idéologie. Car au fond de moi je me sens comme emprisonné par telle ou telle religion, je n’arrive pas à m’y faire et à tout avaler. Je pense toujours que la vraie religion reste l’amour de la nature et du prochain puis le libre arbitre.

      • Yves dit :

        Bonjour Pierrot
        Voici une autre « forme de présence » remarquable, qui me paraît également très réaliste à considérer aujourd’hui.
        Bien à toi.
        (Abdennour Bidar, philosophe, écrivain français : pour « Une pédagogie de l’individuation » et un « Devenir sujet »)

        France où tant de tes enfants vivent aujourd’hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le taçawwuf (soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d’isthme entre les deux mers de l’Orient et de l’Occident !

        Et qu’est-ce que je vois ? Qu’est-ce que je vois mieux que d’autres sans doute parce que justement je te regarde de loin, avec le recul de la distance ? Je te vois toi, dans un état de misère et de souffrance qui me rend infiniment triste, mais qui rend encore plus sévère mon jugement de philosophe ! Car je te vois en train d’enfanter un monstre qui prétend se nommer Etat islamique et auquel certains préfèrent donner un nom de démon : DAESH. Mais le pire est que je te vois te perdre – perdre ton temps et ton honneur – dans le refus de reconnaître que ce monstre est né de toi, de tes errances, de tes contradictions, de ton écartèlement entre passé et présent, de ton incapacité trop durable à trouver ta place dans la civilisation humaine.
        Que dis-tu en effet face à ce monstre ? Tu cries « Ce n’est pas moi ! », « Ce n’est pas l’islam ! ». Tu refuses que les crimes de ce monstre soient commis en ton nom (hashtag #NotInMyName). Tu t’insurges que le monstre usurpe ton identité, et bien sûr tu as raison de le faire. Il est indispensable qu’à la face du monde tu proclames ainsi, haut et fort, que l’islam dénonce la barbarie. Mais c’est tout à fait insuffisant ! Car tu te réfugies dans le réflexe de l’autodéfense sans assumer aussi et surtout la responsabilité de l’autocritique. Tu te contentes de t’indigner alors que ce moment aurait été une occasion historique de te remettre en question ! Et tu accuses au lieu de prendre ta propre responsabilité : « Arrêtez, vous les occidentaux, et vous tous les ennemis de l’islam de nous associer à ce monstre ! Le terrorisme ce n’est pas l’islam, le vrai islam, le bon islam qui ne veut pas dire la guerre mais la paix ! »
        J’entends ce cri de révolte qui monte en toi, ô mon cher monde musulman, et je le comprends. Oui tu as raison, comme chacune des autres grandes inspirations sacrées du monde l’islam a créé tout au long de son histoire de la Beauté, de la Justice, du Sens, du Bien, et il a puissamment éclairé l’être humain sur le chemin du mystère de l’existence… Je me bats ici en Occident, dans chacun de mes livres, pour que cette sagesse de l’islam et de toutes les religions ne soit pas oubliée ni méprisée ! Mais de ma position lointaine je vois aussi autre chose que tu ne sais pas voir… Et cela m’inspire une question – LA grande question : pourquoi ce monstre t’a-t-il volé ton visage ? Pourquoi ce monstre ignoble a-t-il choisi ton visage et pas un autre ? C’est qu’en réalité derrière ce monstre se cache un immense problème, que tu ne sembles pas prêt à regarder en face. Il faudra bien pourtant que tu finisses par en avoir le courage.
        Ce problème est celui des racines du mal. D’où viennent les crimes de ce soi-disant « Etat islamique » ? Je vais te le dire, mon ami. Et cela ne va pas te faire plaisir, mais c’est mon devoir de philosophe. Les racines de ce mal qui te vole aujourd’hui ton visage sont en toi-même, le monstre est sorti de ton propre ventre – et il en surgira autant d’autres monstres pires encore que celui-ci tant que tu tarderas à admettre ta maladie, pour attaquer enfin cette racine du mal !
        Même les intellectuels occidentaux ont de la difficulté à le voir : pour la plupart ils ont tellement oublié ce qu’est la puissance de la religion – en bien et en mal, sur la vie et sur la mort – qu’ils me disent « Non le problème du monde musulman n’est pas l’islam, pas la religion, mais la politique, l’histoire, l’économie, etc. ». Ils ne se souviennent plus du tout que la religion peut être le cœur de réacteur d’une civilisation humaine ! Et que l’avenir de l’humanité passera demain non pas seulement par la résolution de la crise financière mais de façon bien plus essentielle par la résolution de la crise spirituelle sans précédent que traverse notre humanité tout entière ! Saurons-nous tous nous rassembler, à l’échelle de la planète, pour affronter ce défi fondamental ? La nature spirituelle de l’homme a horreur du vide, et si elle ne trouve rien de nouveau pour le remplir elle le fera demain avec des religions toujours plus inadaptées au présent – et qui comme l’islam actuellement se mettront alors à produire des monstres.
        Je vois en toi, ô monde musulman, des forces immenses prêtes à se lever pour contribuer à cet effort mondial de trouver une vie spirituelle pour le XXIème siècle ! Malgré la gravité de ta maladie, il y a en toi une multitude extraordinaire de femmes et d’hommes qui sont prêts à réformer l’islam, à réinventer son génie au-delà de ses formes historiques et à participer ainsi au renouvellement complet du rapport que l’humanité entretenait jusque là avec ses dieux ! C’est à tous ceux-là, musulmans et non musulmans qui rêvent ensemble de révolution spirituelle, que je me suis adressé dans mes ouvrages ! Pour leur donner, avec mes mots de philosophe, confiance en ce qu’entrevoit leur espérance !
        Mais ces musulmanes et ces musulmans qui regardent vers l’avenir ne sont pas encore assez nombreux ni leur parole assez puissante. Tous ceux là, dont je salue la lucidité et le courage, ont parfaitement vu que c’est l’état général de maladie profonde du monde musulman qui explique la naissance des monstres terroristes aux noms de Al Qaida, Al Nostra, AQMI ou « Etat Islamique ». Ils ont bien compris que ce ne sont là que les symptômes les plus visibles sur un immense corps malade, dont les maladies chroniques sont les suivantes : impuissance à instituer des démocraties durables dans lesquelles est reconnue comme droit moral et politique la liberté de conscience vis-à-vis des dogmes de la religion; difficultés chroniques à améliorer la condition des femmes dans le sens de l’égalité, de la responsabilité et de la liberté; impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l’autorité de la religion; incapacité à instituer un respect, une tolérance et une véritable reconnaissance du pluralisme religieux et des minorités religieuses.
        Tout cela serait-il donc la faute de l’Occident ? Combien de temps précieux vas-tu perdre encore, ô cher monde musulman, avec cette accusation stupide à laquelle toi-même tu ne crois plus, et derrière laquelle tu te caches pour continuer à te mentir à toi-même ?
        Depuis le XVIIIe siècle en particulier, il est temps de te l’avouer, tu as été incapable de répondre au défi de l’Occident. Soit tu t’es réfugié de façon infantile et mortifère dans le passé, avec la régression obscurantiste du wahhabisme qui continue de faire des ravages presque partout à l’intérieur de tes frontières – un wahhabisme que tu répands à partir de tes lieux saints de l’Arabie Saoudite comme un cancer qui partirait de ton cœur lui-même ! Soit tu as suivi le pire de cet Occident, en produisant comme lui des nationalismes et un modernisme qui est une caricature de modernité – je veux parler notamment de ce développement technologique sans cohérence avec leur archaïsme religieux qui fait de tes « élites » richissimes du Golfe seulement des victimes consentantes de la maladie mondiale qu’est le culte du dieu argent.
        Qu’as-tu d’admirable aujourd’hui, mon ami ? Qu’est-ce qui en toi reste digne de susciter le respect des autres peuples et civilisations de la Terre ? Où sont tes sages, et as-tu encore une sagesse à proposer au monde ? Où sont tes grands hommes ? Qui sont tes Mandela, qui sont tes Gandhi, qui sont tes Aung San Suu Kyi ? Où sont tes grands penseurs dont les livres devraient être lus dans le monde entier comme au temps où les mathématiciens et les philosophes arabes ou persans faisaient référence de l’Inde à l’Espagne ? En réalité tu es devenu si faible derrière la certitude que tu affiches toujours au sujet de toi-même… Tu ne sais plus du tout qui tu es ni où tu veux aller, et cela te rend aussi malheureux qu’agressif… Tu t’obstines à ne pas écouter ceux qui t’appellent à changer en te libérant enfin de la domination que tu as offerte à la religion sur la vie toute entière.
        Tu as choisi de considérer que Mohammed était prophète et roi. Tu as choisi de définir l’islam comme religion politique, sociale, morale, devant régner comme un tyran aussi bien sur l’Etat que sur la vie civile, aussi bien dans la rue et dans la maison qu’à l’intérieur même de chaque conscience. Tu as choisi de croire et d’imposer que l’islam veut dire soumission alors que le Coran lui-même proclame qu’« Il n’y a pas de contrainte en religion » (La ikraha fi Dîn). Tu as fait de son Appel à la liberté l’empire de la contrainte ! Comment une civilisation peut-elle trahir à ce point son propre texte sacré ?
        De nombreuses voix que tu ne veux pas entendre s’élèvent aujourd’hui dans la Oumma pour dénoncer ce tabou d’une religion autoritaire et indiscutable… Au point que trop de croyants ont tellement intériorisé une culture de la soumission à la tradition et aux « maîtres de religion » (imams, muftis, shouyoukhs, etc.) qu’ils ne comprennent même pas qu’on leur parle de liberté spirituelle, ni qu’on leur parle de choix personnel vis-à-vis des « piliers » de l’islam. Tout cela constitue pour eux une « ligne rouge » si sacrée qu’ils n’osent pas donner à leur propre conscience le droit de le remette en question ! Et il y a tant de familles où cette confusion entre spiritualité et servitude est incrustée dans les esprits dès le plus jeune âge, et où l’éducation spirituelle est d’une telle pauvreté que tout ce qui concerne la religion reste quelque chose qui ne se discute pas !
        Or cela de toute évidence n’est pas imposé par le terrorisme de quelques troupes de fous fanatiques embarqués par l’Etat islamique. Non ce problème là est infiniment plus profond ! Mais qui veut l’entendre ? Silence là-dessus dans le monde musulman, et dans les médias occidentaux on n’entend plus que tous ces spécialistes du terrorisme qui aggravent jour après jour la myopie générale ! Il ne faut donc pas que tu t’illusionnes, ô mon ami, en faisant croire que quand on en aura fini avec le terrorisme islamiste l’islam aura réglé ses problèmes ! Car tout ce que je viens d’évoquer – une religion tyrannique, dogmatique, littéraliste, formaliste, machiste, conservatrice, régressive – est trop souvent l’islam ordinaire, l’islam quotidien, qui souffre et fait souffrir trop de consciences, l’islam du passé dépassé, l’islam déformé par tous ceux qui l’instrumentalisent politiquement, l’islam qui finit encore et toujours par étouffer les Printemps arabes et la voix de toutes ses jeunesses qui demandent autre chose. Quand donc vas-tu faire enfin cette révolution qui dans les sociétés et les consciences fera rimer définitivement spiritualité et liberté ?
        Bien sûr dans ton immense territoire il y a des îlots de liberté spirituelle : des familles qui transmettent un islam de tolérance, de choix personnel, d’approfondissement spirituel ; des lieux où l’islam donne encore le meilleur de lui-même, une culture du partage, de l’honneur, de la recherche du savoir, et une spiritualité en quête de ce lieu sacré où l’être humain et la réalité ultime qu’on appelle Allâh se rencontrent. Il y a en Terre d’islam, et partout dans les communautés musulmanes du monde, des consciences fortes et libres. Mais elles restent condamnées à vivre leur liberté sans reconnaissance d’un véritable droit, à leurs risques et périls face au contrôle communautaire ou même parfois face à la police religieuse. Jamais pour l’instant le droit de dire « Je choisis mon islam », « J’ai mon propre rapport à l’islam » n’a été reconnu par « l’islam officiel » des dignitaires. Ceux-là au contraire s’acharnent à imposer que « La doctrine de l’islam est unique » et que « L’obéissance aux piliers de l’islam est la seule voie droite » (sirâtou-l-moustaqîm).
        Ce refus du droit à la liberté vis-à-vis de la religion est l’une de ces racines du mal dont tu souffres, ô mon cher monde musulman, l’un de ces ventres obscurs où grandissent les monstres que tu fais bondir depuis quelques années au visage effrayé du monde entier. Car cette religion de fer impose à tes sociétés tout entières une violence insoutenable. Elle enferme toujours trop de tes filles et tous tes fils dans la cage d’un Bien et d’un Mal, d’un licite (halâl) et d’un illicite (harâm) que personne ne choisit mais que tout le monde subit. Elle emprisonne les volontés, elle conditionne les esprits, elle empêche ou entrave tout choix de vie personnel. Dans trop de tes contrées tu associes encore la religion et la violence – contre les femmes, les « mauvais croyants », les minorités chrétiennes ou autres, les penseurs et les esprits libres, les rebelles – de sorte que cette religion et cette violence finissent par se confondre, chez les plus déséquilibrés et les plus fragiles de tes fils, dans la monstruosité du jihad !
        Alors ne fais plus semblant de t’étonner, je t’en prie, que des démons tels que le soi-disant Etat islamique t’aient pris ton visage ! Les monstres et les démons ne volent que les visages qui sont déjà déformés par trop de grimaces ! Et si tu veux savoir comment ne plus enfanter de tels monstres, je vais te le dire. C’est simple et très difficile à la fois. Il faut que tu commences par réformer toute l’éducation que tu donnes à tes enfants, dans chacune de tes écoles, chacun de tes lieux de savoir et de pouvoir. Que tu les réformes pour les diriger selon des principes universels (même si tu n’es pas le seul à les transgresser ou à persister dans leur ignorance) : la liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion et la culture critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias. Tu ne peux plus reculer, tu ne peux plus faire moins que tout cela ! C’est le seul moyen pour toi de ne plus enfanter de tels monstres, et si tu ne le fais pas tu seras bientôt dévasté par leur puissance de destruction.
        Cher monde musulman… Je ne suis qu’un philosophe, et comme d’habitude certains diront que le philosophe est un hérétique. Je ne cherche pourtant qu’à faire resplendir à nouveau la lumière – c’est le nom que tu m’as donné qui me le commande, Abdennour, « Serviteur de la Lumière ». Je n’aurais pas été si sévère dans cette lettre si je ne croyais pas en toi. Comme on dit en français, « Qui aime bien châtie bien ». Et au contraire tous ceux qui aujourd’hui ne sont pas assez sévères avec toi – qui veulent faire de toi une victime – tous ceux-là en réalité ne te rendent pas service ! Je crois en toi, je crois en ta contribution à faire demain de notre planète un univers à la fois plus humain et plus spirituel ! Salâm, que la paix soit sur toi.

        • Soleil Bleu dit :

          Comment te remercier Yves de ces paroles d’Abdennour Bidar, si pleines de sagesse , de fermeté sans violence, qui re-responsabilise chacun en éloignant l’arme facile de l’accusation ? Voilà bien une parole qui situe admirablement les failles qui s’élargissent chaque jour un peu plus, tant au cœur des modèles sociétaux qu’en celui des hommes qui les dénoncent sans parvenir pourtant à s’en affranchir eux-mêmes dans leur positionnement personnel.
          C’est un grand moment que nous traversons là pour accepter d’élargir notre conscience individuelle, oui, c’est un grand et beau moment……

          • Marie-Anne dit :

            Mêmes remerciements de ma part, Yves, et gratitude à Abdennour, Serviteur de la Lumière, pour son courage, sa lucidité et sa sagesse.

          • Yves dit :

            Alors merci à toi aussi, cher Soleil bleu de ta réponse touchante et merci surtout à Abdennour Bidar qui a l’Art ici de rendre les coeurs concients et nous aide a faire vibrer la « Chaîne d’Or » de la vraie Fraternité.

            • Soleil Bleu dit :

              Oui, oui ! Immense gratitude à Abdennour Bidar. J’ai fait suivre son puissant et merveilleux message à mes anciens collègues qui œuvrent à ce jour dans les quartiers sensibles. Pris entre plusieurs feux, je crois que ça peut vraiment les aider à discerner les choses et à se positionner au plus juste vis à vis des jeunes qu’ils accompagnent.
              Merci infiniment Yves, et oui, que la fraternité continue de prendre racine en cette aube de renouveau qui s’installe.
              Je t’embrasse 😀

        • Goutte d'eau dit :

          Je viens juste de le lire, et voulant le poster ici pour Taoufiq, c’est fait.
          Texte aussi sur
          http://www.arcturius.org/chroniques/lettre-ouverte-au-monde-musulman/

          Plus sur son cv sur ce site. Diverses responsabilités professionnelles.

          Les violences latentes ?
          « Dans trop de tes contrées tu associes encore la religion et la violence – contre les femmes, les « mauvais croyants », les minorités chrétiennes ou autres, les penseurs et les esprits libres, les rebelles – de sorte que cette religion et cette violence finissent par se confondre, chez les plus déséquilibrés et les plus fragiles de tes fils, »

          « Tu as choisi de considérer que Mohammed était prophète et roi. Tu as choisi de définir l’islam comme religion politique, sociale, morale, devant régner comme un tyran aussi bien sur l’Etat que sur la vie civile, aussi bien dans la rue et dans la maison qu’à l’intérieur même de chaque conscience. Tu as choisi de croire et d’imposer que l’islam veut dire soumission alors que le Coran lui-même proclame qu’« Il n’y a pas de contrainte en religion » (La ikraha fi Dîn). Tu as fait de son Appel à la liberté l’empire de la contrainte !
          Comment une civilisation peut-elle trahir à ce point son propre texte sacré ? »

          Peut-on le dire aussi pour les autres religions ?
          Aujourd’hui, pas de violences physiques, mais différentes ?

          Les cultivés et les peu cultivés, ou pas du tout cultivés.

          « Au point que trop de croyants ont tellement intériorisé une culture de la soumission à la tradition et aux « maîtres de religion » (imams, muftis, shouyoukhs, etc.) qu’ils ne comprennent même pas qu’on leur parle de liberté spirituelle, ni qu’on leur parle de choix personnel vis-à-vis des « piliers » de l’islam. Tout cela constitue pour eux une « ligne rouge » si sacrée qu’ils n’osent pas donner à leur propre conscience le droit de le remette en question !

          Et il y a tant de familles où cette confusion entre spiritualité et servitude est incrustée dans les esprits dès le plus jeune âge, et où l’éducation spirituelle est …….. d’une telle pauvreté que tout ce qui concerne la religion reste quelque chose qui ne se discute pas ! »

          Et, « Bien sûr dans ton immense territoire il y a des îlots de liberté spirituelle : des familles qui transmettent un islam de tolérance, de choix personnel, d’approfondissement spirituel ; des lieux où l’islam donne encore le meilleur de lui-même, une culture du partage, de l’honneur, de la recherche du savoir, et une spiritualité en quête de ce lieu sacré où l’être humain et la réalité ultime qu’on appelle Allâh se rencontrent. »

        • alain thomas dit :

          Merci beaucoup Yves d’avoir transmis cette déclaration d’Abdennour Bidar, un véritable cri d’amour avec une tonalité exceptionnelle et une vision très juste (à mon sens) de la situation.

          L’Islam doit se réformer … en tout cas je le pense … et cela passe par une profonde remise en question tant de l’occident que de l’Orient.
          Il faut séparer le religieux du politique, comme nous l’avons fait en 1905 et donner à la femme musulmane les mêmes droits qu’à l’homme.
          L’homme et la femme sont des êtres différents, complémentaires, et ils doivent être égaux en droits.

          Cela ne peut marcher qu’à condition que nous reconnaissions, nous occidentaux et particulièrement nous français, que nous avons créé ce monstre, en abandonnant nos frères musulmans et concitoyens, en les ghettoïsant, les livrant à eux-mêmes sans aucune considération.
          Nous les avons lâchement abandonnés et dans le même temps, ces enfants de la République se sont laissé entraîner dans des dérives parce que certains d’entre eux ont transformé le mot djihad (effort) en un véritable vecteur de Mal terrifiant qui gangrène partout aujourd’hui.
          Il faudra un jour que l’Occident reconnaisse qu’il a créé de toutes pièces cet immense désastre, à condition qu’il ne soit pas trop tard.
          Pour cela, il faudra expliquer pourquoi nous sommes allés sur les terres de l’Islam, massacrer des hommes, des femmes et des enfants, au nom de la Liberté … quelle Liberté !
          Aujourd’hui ces terres sont désolées et nous avons créé le chaos…
          Nous avons semé la haine et maintenant que voudriez-vous que l’on récolte ?

          Pardon !!!!

          Y have a dream …

          • Le Passeur dit :

            J’ai dit dans cet article ce que je pouvais sur l’identification… Prendre sa responsabilité est une chose, pour autant veux-tu encore agir dans l’enchevêtrement de ces mécanismes ? Penses-tu que prendre sa responsabilité va dans ce sens ? Tout ce que tu dis est vrai mais ce n’est qu’un niveau de lecture qui attise encore ton implication au sein d’une manipulation. Oublies-tu que les démons extérieurs sont juste nos démons intérieurs ? Peut-être n’y crois-tu pas, mais je suis certain que tout se joue à un autre niveau de responsabilité, bien au-delà de savoir s’il faut ou non réformer des religions, qui n’est encore que jeux d’illusion, cela se joue en profondeur en chacun de nous et pas dans l’implication au sein du système qui nous reflète. Ce serait sinon comme vouloir une fois de plus corriger son apparence en frottant le miroir. Je pense que nous en savons assez aujourd’hui sur nous-même pour au moins arrêter de frotter le miroir.
            Tous les sages l’ont dit, tu veux changer le monde ? Changes-toi toi-même.

            • Goutte d'eau dit :

              Je conçois que Le Passeur n’accepte pas ce nouveau commentaire.

              J’ajoute l’oracle de Delphes à ses derniers propos.
              « Connaîs-toi toi-même ainsi tu connaîs le monde et les Hommes. »

              Je suis dans l’observation de ce monde de plus en plus. Utilisant mes acquis pour ne pas être piègée dans les émotionnels qui ne me concernent pas.

              Néanmoins je crois que l’attitude pacifique des éveillés aide ce monde à attendrir, à apaiser les débordements des égrégores émotionnels de la peur.
              Ecrire, dire ses p