Lucioles

Lucioles à l’orée…


 

J.S.BACH – FUGUE INACHEVEE

 

De la terre durcie dans l’immobile sommeil
Les essaims du printemps se lèvent et s’ébrouent
Et de la glace à la vie renaît l’eau des montagnes
Et la nature aux nuées dissipées porte son regard
Fugue de l’Etoile

Comme les dunes les siècles fuient que le désert demeure
Que le même éternel secret illumine la nuit
Avec la rigueur du nombre et le mystère de l’ombre-miroir
Que toujours sous la face blafarde se dessine un sourire
Fugue de la Lune

En contrepoint des astres avant le jugement
Sans qui ne seraient ni les couleurs ni la vie
Transmutant le froid l’ignorance et la peur
Claque aux vents la flamme des échos naissants
Fugue du Soleil

 

 

J. HAYDN

Mouvant en l’aura des matières
Sur de grands vaisseaux de lumière
Il s’épand tout au long des nuées
Parfois se noie dans leur étreinte
Et renaît dans l’éclair d’une voix

Glissant à l’orée des sens
Il caresse le souvenir perdu
D’intouchables fulgurances
Et ravive l’ancienne douleur
D’une originelle beauté

Il enivre le chant des hommes
Jusqu’à enluminer l’air raréfié
Dévoré par le brasier vivant
D’un art lancé comme des ponts
Par-delà le crépuscule des Dieux

 

 

L’IMMOBILE

Comme un parchemin l’immensité s’est repliée
Et les soleils à l’orée incendièrent d’autres cieux
A la vitesse de la pensée si loin j’ai voyagé
Qu’alors aucune étoile n’illuminait mes yeux

J’ai vu ce lieu sans nom inconnu des hommes
Où l’amour est si dense qu’il en est ténèbres
Alors qu’en l’espace se recourbait l’axiome
J’ai vu naître et s’épandre un étrange algèbre

L’homme un jour percevra les chemins du lointain
Qui aura cherché le secret de l’immobilité
Celui-là boira aux temps les plus anciens
Qui saura se suspendre dans l’universalité

 

 

SILENCE

Quand nul regard ne vient chercher son ombre
Que nulle terre ne garde en mémoire ses pas
Alors rôde la mort là où l’amour n’est pas
Et s’éteint le chemin qui rattache au monde

C’est un désert sans fond où la pensée résonne
Un lieu que peu ont trouvé qui parfois l’ont cherché
Et qui lorsqu’en soi tout s’est tu se nomme silence

 

 

LE CHANT DES PISTES

C’est un chant qui chemine comme voyage le pollen
Nourrissant la mémoire de par les pistes invisibles
A travers les déserts peuplés de rêves sauvages
Nés d’hommes sombres à la paix lumineuse

C’est un savoir sans âge où la Nature est totem
Où la Terre veille sur l’homme qui suit le chant
Par-delà les collines semées de songes secrets
A l’ombre de la pierre où jamais vent ne meurt

 

 

LES CLES VOILEES

Combien de siècles passés à vivre contre le temps
D’orbites égrenées sur un chapelet d’étoiles
Combien de vies semées ton âme a irriguées
Tout au long des souffrances de la terre qui t’accueille

Et aujourd’hui encore pourtant tes pieds l’arpentent
Quand la vaste mémoire accuse ta candeur renouvelée

Tant de certitudes avalées aux tourbillons des soleils
Qui tous t’ont emporté sous des lunes mystérieuses
T’abandonnant perdu par des frontières inconnues
Puis réfugié recueilli sur des eaux de silence

Qu’as-tu cru ou pensé qui n’a su te libérer
Qu’as-tu crié ou tu qui n’a su que t’égarer
Pour n’être et renaître un homme qui s’interroge
Sur ce qu’il a perdu pour le chercher tant encore

Et quels voiles sont à l’orée qui demain se lèveront
Quand ton corps offert à la terre nourricière
Sera la clé désormais morte de ta liberté retrouvée

 

 

LES ANNEES-LUMIERE

A quelle pâle clarté s’entrouvre mon regard
Lorsqu’au terme de l’ombre s’éveille le jour
Et que des myriades en essaims d’où je reviens
La vie s’exhale à distiller l’essence du monde

Quelle autre lumière alors enfin je perçois
Qui même irradie des choses les plus inertes
Jusqu’à peupler les vides que nul n’accroche
Et façonner le temps à l’usure des hommes

 

 

NOMADES

J’ai longtemps contemplé les amas de braises envolées
Lucioles en essaims égarées dans la nuit parchemin
Ames en myriades livrées aux astres éclatés
Menant dans la peur leurs quêtes solitaires

J’ai senti l’appel résonner dans l’immensité
Pétales aux voiles des grands vents solaires
Gonflées de lumière aux effluves glacées
Au gré des flux et reflux d’aveugles titans

J’ai compris alors l’abandon à l’illusion
La course folle des atomes vers le fer lointain
Et j’ai aimé comme jamais ces vies mesurées
Nourries ignorantes de tant d’espoirs insensés

—–

 

LE PASSAGE (rêve)

Du bout de tes doigts tu essuies des larmes et tes mains sont rougies par le sable de tes yeux. Tu as ouvert une porte et franchi un seuil au-delà duquel les lois ne sont plus celles que tu as connues. Tes oreilles bourdonnent, mais plus fort que ce bourdon siffle le vent d’un désert ocre. De tes yeux s’écoulent et ta mémoire et ta vie, de ce sable naissent des voix lointaines, portées par le vent, picotant ton visage, étrangement nombreuses et familières. Tu remues faiblement, tentant de t’enfouir comme pour t’arrimer à l’événement, ne surtout pas glisser là-bas en arrière, vers l’enfer, dans l’entonnoir du sablier. Une chaleur t’illumine et rayonne en ton cœur, tu reconnais des voix et tu ris et tu pleures, de l’oubli se nourrit ta chair, d’étoiles est parsemée ton âme.

Tu vois naître le monde dans un infime éblouissement où déjà se meuvent des formes en expansion. Tu vois la vie en un éclair, toi-même regard sans regard sur toi, voyeur impersonnel, peut-être inexistant. Tu vois les choses aller, fulgurantes lorsque isolées, si lentes lorsque toutes tu les embrasses et tu ne comprends pas pourquoi tu les vois, persuadé que tu es qu’il ne peut rien être sans raison à l’être. Pourtant cette conviction même, tu le sens, t’échappe, comme appartenant sans doute à la chair dont tu te détaches. Seules te guident la vue, l’ouïe et l’émotion, cette émotion nouvelle, intense et bouleversante, qui paraît envahir ce que tu perçois encore comme les limites de ton être, alors que de ta vision semblent naître les sons que tu entends. Sons rugueux et abrupts, vibrations glissant vers la matière brute, sons lumineux, puis mélodieux, enfin harmoniques. Et cette émotion toujours, si profonde, à la fois intime et universelle, qui de plus en plus en toi se confond dans un sublime apaisement.

Et l’image suit. Tu es sur la rive douce d’un grand lac sombre et bleuté, sur lequel pas une onde ne court, pas une ride ne se dessine. Une forêt que tu pressens immense l’entoure, toute de verts, de bruns et d’ors mêlés. Une petite île perce les eaux sans violence. Pas un souffle, pas un bruit, tout est calme, figé. Tu possèdes l’image de la vie, sans la vie. Et tu sens que la paix est à ce prix et tu as soudain peur de cette paix, peur de cette image, peur surtout de t’y fondre pour peu qu’un autre regard que le tien te surprenne là. Très vite tu paniques, tu asphyxies. L’image de la cale d’un bateau où l’eau monte, infiltrée dans le bois, chasse l’air que tes poumons réclament, l’image de ta noyade, de toi nageant dans une eau vert sombre où il n’y a plus d’air, dans l’obscurité d’une nef qui s’enfonce toujours plus bas, vers un monde dont le seul témoin sera ton corps écrasé.

Là au fond, dans la vase, l’attente. Plus rien d’autre que l’attente. Celle de ta conscience, agrippée à elle-même. Une attente sans instant. Tu te dis que si tu es là, nulle part, à attendre, c’est qu’il doit y avoir quelque chose après. Mais après quoi ? Et si tu restais là oublié de tout, juste conscient de toi dans le néant ? La panique te saisit à l’idée de cette abomination, puis, lentement, tu finis par te calmer, l’idée s’imposant en toi que seule la foi en quelque chose ou quelqu’un qui pense à toi peut te sortir de l’enfer.

Tu ne croyais pas, tu ne voulais pas et pourtant tu es là à prier que l’on ne t’oublie pas, qu’on t’entrouve une porte quelque part, ou même seulement qu’on te jette la clé dans le noir. Pas plus. Et tu comprends que tu pries Dieu, nom que tu donnes à ce qui ne peut pas ne pas être pour te sortir de là, nom que tu donnes à l’espoir, nom que tant d’hommes, tu le comprends soudain, doivent donner à l’espoir. Et avec lui tu découvres qu’il te fallait passer par là pour retrouver un peu d’air et de lumière dans ce néant, tu te dis que cette foi du dénuement c’est peut-être la clé que celui qui pensait à toi t’a jetée dans le noir.

Un mot te vient que tu as si souvent entendu sans l’accepter. Abandon. Ca doit être ça, l’abandon, l’excuse qu’on fait à l’Univers et à soi-même de n’avoir cru ni en lui ni en soi. Et tu te sens si petit de ne découvrir qu’à peine le sens d’un mot si simple que d’autres que tu jugeais mal avaient peut-être compris bien avant toi. Et puis aussi, tu te sens grand de cette vérité nouvelle, grand et fort et surtout, apaisé.

De ce lac d’un bleu profond, où de petites vagues ondoient sous l’effet rassurant d’une brise qui chante dans les arbres, où miroitent les couleurs du feu, où crient les bêtes et chantent les oiseaux, plus que son image, tu as retrouvé la vie. Et ta mémoire alors s’entrouvre et tu redeviens toi parmi les tiens, tel que tu ne l’as jamais été en ce corps, conscient du tout en ton infinité, toi depuis la genèse de ton âme.

—–

 

L’ESPRIT DE LA RIVIERE (conte pour enfant)

Il était une fois un gros rocher brun veiné d’or et de gris qui fendait le courant d’une rivière de montagne. C’était la fin des grosses chaleurs et la rivière avait pris son lit d’été. Oubliant les vacarmes de Mai, elle chantonnait sereinement sa mélopée de Septembre. Sous le rocher, les courants complexes avaient creusé dans les galets une large caverne à trois entrées, où reposait lourdement la branche morte d’un châtaignier.

Pouvait-on imaginer plus accueillante oasis pour une truite arc-en-ciel, que ni les crues ni les hommes n’avaient jamais pu emporter ? Le fait est, qu’après tant d’années de vif argent dans le flot des torrents, la truite, marquée des nombreuses blessures dont elle était si fière autrefois, avaient trouvé à l’abri des mains des hommes les plus malins le commencement de la sagesse dans l’antre du rocher. Les deux avaient su lier une solide amitié. Et lorsque le rocher parfois voyait un homme agile remonter d’un mouvement silencieux et ralenti à l’extrême le cours caillouteux de la rivière, yeux et mains au ras de l’eau, se fondant dans l’image du ciel et le chant de la rivière, à l’insu même des bêtes les plus sauvages, alors il prévenait la truite du destin qui s’approchait. Elle se réfugiait aussitôt dans les branchages de châtaignier, sachant que l’homme a toujours en tête le serpent sous la pierre et que sa main reculerait en découvrant le bois flotté que la rivière avait noyé.

A part l’homme, personne n’aurait pu faire de mal au rocher. Et pourtant il souffrait. Car il aimait la rivière et n’était qu’un rocher. Il la voyait venue d’horizons blancs et glacés qu’il imaginait à peine, sentait sa rude et douce caresse au rythme des saisons et veillait sur son sommeil gelé durant le long hiver des montagnes. Il la regardait glisser loin là-bas vers la terre des hommes, jusqu’à se perdre, lui avait-elle dit un jour, dans la Grande Rivière, si vaste qu’elle n’avait plus de rives où pouvaient se dorer les marmottes.

Pourquoi n’était-il pas fait d’eau ? Il aurait voulu être une pluie d’orage ou la rosée du matin, miroitant en elle les nuits de lune au pied des étoiles et courir libre et heureux, avec elle, parsemant d’embruns rieurs le monde immobile des berges moussues. Mais il n’était qu’un rocher, lourd et immobile, qui ne pouvait espérer lui appartenir qu’au rythme millénaire de l’érosion et qui s’ouvrait de sa tristesse à une vieille truite écaillée.

- Tu es un idiot, lui dit la truite. Tu rêves la mort pendant que tu nous donnes la vie. Ouvre donc tes yeux de pierre et vois ! A moi, tu me donnes l’abri et le repos. Et plus que cela, en retenant la rivière dans un grondement d’écume, tu me donnes l’air et la vie et à elle la jeunesse éternelle. Toute la lumière de ses éclats, elle te la doit, toi qui seul a la force de sa pureté. Tu es le cœur qui bat en elle et grâce à qui nous vivons tous. Et tu ne le vois pas.

Le rocher, troublé, ne répondit pas. Mais durant l’automne, il médita silencieusement les propos de la truite.

Bientôt, le vent se mit à fraîchir et les premiers flocons voltigèrent. Les marmottes avaient depuis longtemps disparu dans leurs terriers et leurs cris perçants s’étaient tus quand la rivière s’habilla de son manteau de glace. Par une nuit froide et sans lune parsemée d’étoiles, le rocher fit un rêve, qui dura tout l’hiver.

En ce rêve, la truite lui prêta son corps et le guida sous les neiges jusqu’à une grotte insoupçonnée, au lieu le plus calme et le plus profond de la rivière. D’abord, le rocher-truite ne vit rien. Puis, peu à peu, il perçut la faible lumière jaune qui des étoiles parvenait jusque-là. Et dans cette pâle clarté venue du fond des âges miroita un éclat vert, né de la lente ondulation d’un poisson bleu au regard noir et brun. C’était un gros poisson très étrange, presque inquiétant, comme il n’en avait jamais vu. Tel un fantôme, il hantait ce lieu sombre et inconnu des hommes.

- Je suis l’esprit de la rivière, lui dit il. Et je te connais bien.

- Mais toi, qui te connaît, dit le rocher ?

- Le saule et le héron, la truite bien sûr et tous ceux qui boivent en moi depuis le ciel jusqu’à l’océan, tous ceux qui savent où s’abreuve leur âme, tous ceux enfin qui ont la conscience de ce qu’ils sont en ce monde.

Ce que la rivière chante, c’est notre existence. Chaque grain de sable qui roule, chaque oiseau qui s’ébroue, chaque papillon qui y boit joue sa note et façonne sa mélodie. Mais toute la force originelle de ce chant, c’est toi qui la lui donnes, de ce grondement sourd qui épouvante même les hommes. Autrefois, eux aussi me connaissaient. Ils puisaient en moi ce qui les nourrissait et n’oubliaient jamais de me remercier. Il n’y a plus beaucoup d’hommes à présent qui me connaissent. Mais ceux qui demeurent suffiront toujours à transmettre le savoir des anciens chemins.

Le rocher, au plus profond de sa mémoire, percevait la vérité de ces paroles et s’étonna qu’il fallût un poisson pour les lui rappeler.

- Si tu es un esprit, pourquoi te montres-tu poisson ?

- Parce que si j’étais un rocher, tu ne me croirais pas. Et puis, tout poisson que je sois, j’ai moi-même un esprit. Sinon comment connaîtrais-je ce qu’un poisson ne connaît pas ?

- Et où est donc ton esprit, poisson bleu ?

- Il zèbre le ciel de lignes bleues qui tracent les chemins des pensées de la rivière. Quand tu le verras, suis-le du regard, et tu connaîtras mes rêves.

La truite frissonna. Quelque chose dans l’air avait changé quand le rocher s’éveilla. Le soleil était plus chaud ce matin-là, et le printemps, il le savait, ne serait plus jamais comme avant. Il dut tout de même attendre, avec sa patience de pierre, le cœur de l’été pour voir un jour se poser, fringante sur son nez, une magnifique libellule bleue, qui avait bien des choses à lui montrer.

 

© Le Passeurhttp://www.urantia-gaia.infoCes textes sont autorisés à la copie aux conditions de respecter leur intégralité, de citer la source et de n’en faire aucun usage dans un cadre commercial.

 

 

10 réponses à Lucioles

  1. elba dit :

    Hier soir je lisais un livre sur la mythologie.

    Je suis tombée sur un poème que l’on attribue à Aristophane ; je l’ai trouvé très beau et j’avais envie de le partager avec vous.
    Ca concerne la création du monde : les grecs pensaient qu’au commencement rien n’existait que le désordre confus (Chaos). Deux enfants naquirent de ce néant informe : la Nuit (l’obscurité) et Erèbe (le gouffre insondable où demeure la mort.)
    Alors survint la merveille des merveilles :

    « La nuit aux ailes noires
    Déposa un oeuf né du vent
    Dans le sein du sombre et profond Erèbe
    Et tandis que passaient les saisons
    Vint celui que tout attendait
    L’Amour aux ailes d’or éteincelantes. »

    … Celui que TOUT attendait : L’Amour, [la lumière], enfant de l’obscurité et de la mort :)

  2. waterbreathing dit :

    moi aussi, à un moment, j’avais écrit des textes pseudo poétiques :o , pseudo, pour moi, c’était une inspiration, au moins d’un quelque ailleurs, que je retrouve parfois dans les écrits de ce site. comme je ne sais pas que dire lorsque je lis des textes d’autres(faudrait-il que je n’ai pas de troubles d’attention persistants pour bien les apprécier, j’aime pour ma part mieux les textes formats poèmes), j’offre un truc que j’avais écrit au passage.. je vous préviens c’est nettement moins serein, et harmonieux que ce qu’écrit le passeur, et je ne veux pas pas forcément de commentaires en suite; ma démarche est peut-être déplacée, en ce cas je m’en excuse, ce n’est pas pour mettre au premier plan mon ego ( peut-être serait-il intéressant que d’autres personnes publient sur cette page/ leurs inspirations ? nous communiquerions nos inspirations diverses ? bon, c’est peut-être un trip qui n’amuse que moi, mais je propose!j’ai lu je crois que jenny, reliance écrit aussi certains textes inspirés)mon trip d’un moment était de se répondre/ communiquer par seulement des formes d’écrits inspirés de ce type, me semblant canaliser l’essentiel.

    tout le monde meurt, et commence par dépérir, comme si cette vie n’était qu’interminable décadence de l’esprit et des corps.

    Si il pouvait s’oublier ceci juste l’espace d’un instant ou l’infini serait extrait d’une seule minute, seconde, et poussée à son apogée, échanger stupidement un quart d’une vie contre un instant de vertige étoilé, procéder à un troc insensé, d’un don de son sang, d’une unité de cette vie, pour s’ennivrer de celui ci tel d’un nectar d’ambroisie; comment écrire et chanter ce qui n’existe pas si l’on ne vole pas assez rapidement pour rejoindre son choeur à celui d’une chorale cosmique, silencieuse, souvent, tremper une encre de vie d’une plume de corporeité ailé, à conter des temps perdus aux astres, leur raconter un temps des hommes qui se dorment et peuplent leurs nuits des étoiles dont ils ont perdu, eux, leur langage.

    Elles sont là, immobiles, et silencieuses, sur leurs mystères tant que les hommes les veulent tel quel, à décorer les pays de leurs nuits, à recueillir leurs secrets.J’aimerais pouvoir hurler le silence, je crois, blesser la nuit, et en extirper des fragments d’un continent ami.
    En démasquer les sourires qui s’y tapissent, ceux qui se jouent d’une farce sinistre, d’une orchestration au désastre, ceux qui nous veilleraient, aussi; déloger ses frères et soeurs de l’ailleurs aux confins de ces toiles obscurcies, les crier, ces étoiles, les appeler, leur résonner son exil ici, sinon, continuer à briller, pour leur dire, toujours, en son coeur, qu’il n’est pas oublié d’ou l’on vient, et que nous les portons ou nous cheminons, qu’elles nous guident, en cierge à l’ame, comme nous guidons, comme nous allons.Parler peut-être à son père, sa mère, sa famille, d’ailleurs, une âme soeur, et de ce seul cri, annuler les distances.leur laisser un chemin d’un chant pour peut-être leur indiquer une destination ou reposer leurs voyages, d’une trainée sonore, d’une amicalité des cieux , sentier emprunté de ceux ayant fait halte d’un nulle part.

    ( bon y avait une suite mais elle est pas au point , et plutôt nostalgique , oui, moi j’arrive pas encore au stade du silence harmonieux et serein..)
    salutations !

    • marie christine dit :

      Il y a de très belles et profondes choses dans ce que tu écris !
      Je dirais que tu es une écorchée vive, comme on dit .
      Ca m’est arrivé à une époque, et on m’a dit que j’avais les chakras trop ouverts .
      On est trop réceptif à tout ce qui se déverse en nous . Ca nous mène loin, très loin, mais finalement, je crois qu’il faut accepter de fermer quelques portes pour se protéger . On a accès à de grandes vérités mais celles-ci sont habilement détournées au profit d’une illusion tenace . Vérité et Mensonge cohabitent et nous écartèlent . On est vertigineusement attiré vers le haut et vers le bas en même temps, et cela provoque une grande souffrance de déchirement, en même temps qu’une grande douceur de la Grâce qui nous accompagne . On côtoie la mort et son mécanisme .
      Je ne sais pas si c’est ton cas … Personnellement, j’ai dû apprendre à renoncer . C’était comme une très puissante force magnétique de laquelle j’ai du littéralement m’arracher . Ce n’est que par une forte volonté d’abord, et avec l’aide divine que je suis sortie de cet enfer aigre-doux . Il faut convaincre le mental d’arrêter sa curiosité débridée, même s’il touche à des choses fascinantes, même s’il a l’impression de frôler de grands secrets, d’être sur le point de percer de grands mystères . La pression est trop forte . Il faut revenir à un rythme plus raisonnable, respecter les étapes, attendre que le corps se transforme selon le processus qui lui convient . Et alors on fait d’autres découvertes, on a d’autres sensations beaucoup plus adaptées, plus sereines et même plus intéressantes pour la connaissance de soi et de la vie .

  3. gallépé dit :

    Les Lucioles,,,
    Pendant une période de l`été dernier, bizarrement les Lucioles m`ont accompagnées, m`ont guidées aussi bizarre que celà puisse paraître, j`en commprenait tout les signes, je posais une question, puis les Lucioles me guidaient, à chaque fois, jusqu`à me rendre dans un parc où il y a un belvèdère, tout y était, elles y étaient aussi lors d`une journée où je transitait d`une maison à une autre,,cette journée je l`ai vécu dans le 5D, j`y ai même rencontrer mon fils (enfin j`en suis presque sûr dans une vie parallèle lors d`un baptême, le 24 août 2011 et à pareille date il y a 3 ans, j`ai vécu ma mort,,,) je suis même persuadée qu`elles m`ont une fois de plus sauvé la vie,,,à mon arrivée dans mon nouveau domicile, le même jour du baptême, m`attendait une gigantesque Luciole noire et blanche, j`en revenais pas, surtout après ce que je venais de vivre l`après-midi même,,,
    Mon Dieu que la Vie est Intelligente !
    gallépé*

  4. Viviane dit :

    L’esprit de la rivière… quel texte magnifique qui apaise et élève l’âme. Merci.

  5. mayla dit :

    Aussi peu de commentaires sur d’aussi jolis textes tout en dentelles fines, poésies qui nous transportent dans le merveilleux…
    Quand donc parviendrons nous à à cesser de nous contenter et d’apprécier dans le silence toutes ces joies, ces amours qui foisonnent dans nos existences, surtout ces rencontres comme la vôtre mais à qui on ne renvoie rien ou si peu…
    les caresses sont tellement nécessaires…A l’âme, au coeur, au corps.
    Donner, recevoir, demander, refuser, s’auto-donner, font circuler l’Energie.

    • Le Passeur dit :

      Merci beaucoup pour tant d’attention.

    • Soleil Bleu dit :

      Tu le fais Mayla, et c’est parfait puisque c’est un acte qui compte pour toi-même. Le reste, soit tes regrets à ne lire que peu de commentaires, n’est qu’une « peur » que le Passeur ne soit pas remercié à la hauteur de ce qu’il nous offre. Sois rassurée ! lui ne peut que l’être au regard de ce qu’il nous a dévoilé de l’être qu’il est, il reçoit d’une manière ou d’une autre, et Dieu merci sans que nous n’en soyons témoin, le retour des effets bénéfiques et réconfortants qu’il nous offre par son site.
      Des milliers d’autres personnes nourries par les merveilleux articles qui paraissent par l’entremise du Passeur, interagissent avec lui sur une autre forme que celle d’écrire un commentaire, elles contribuent assurément à créer la belle vibration qui pérénise son site et aide ainsi chacun dans ce processus Divin et actuel d’ascenssion.
      N’est-ce pas là la finalité de l’aide apportée par le Passeur ? C’est en tout cas le ressenti que j’en ai ! et le plan s’accomplit, selon mon radard « ressenti », plutôt avec brio. MERCI !
      Namasté

  6. elba dit :

    J’aime énormément ‘le passage’. C’est un peu comme ceci que je me vois au moment de ma mort.

    Cependant, je reviendrai. Je n’ai pas encore tout lu.

    Belle journée à vous, Passeur.

  7. Nancy dit :

    Tellement beau! Merci Merci Merci !Quelle magie ! Quelle feerie dans ces poemes !

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